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– Le reporter Éric Charron a «infiltré» récemment le domaine essénien de Cookshire-Eaton. Il raconte son histoire au profit de ceux qui pourraient être tenté par «l’expérience».

 

(…)

Récit d’une visite en «terre essénienne» :

Alors que j’étais sur l’autoroute 10 à quelques heures du domaine des esséniens dimanche matin, j’ai commencé à me mettre dans la peau d’un personnage. Ce personnage: Éric Gendron, un jeune homme de 26 ans qui n’a pas de diplôme d’études secondaires et qui gaspille sa vie en vendant de la drogue tout en consommant son propre produit.

Avec mon visage mal rasé, mon chandail hip hop comprenant un graffiti, mes bijoux en or et ma Chevrolet impala 2003 tellement maganée qu’on jurerait qu’elle a été vandalisée, j’avais vraiment le physique de l’emploi.

À 11h05, j’entre dans le domaine avec ma voiture, une petite pancarte colorée bordée d’arbres me confirme que je suis au bon endroit. L’entrée étroite devient rapidement une immense clairière, je ne peux m’empêcher d’être frappé par la beauté des lieux. Au milieu de l’endroit, il y a un étang respectable dans lequel coule un ruisseau en passant par de petites chutes qui semblent avoir été aménagées près du petit pont qui mène plus loin dans les terres.

Le coloris automnal mélangé aux conifères avec le bruit réconfortant de l’eau font, dans l’ensemble, un effet quasi surréel amplifié par les rochers sur lesquels des runes ont été peintes. Un totem coloré se trouve en bordure de l’étang, à côté d’une installation aux proportions particulières. Il s’agit de l’édifice d’accueil/salle commune pour manger/dépanneur/librairie que je ne visite pas tout de suite.

Une série de rallonges

Ma première réflexion en voyant ce bâtiment rustique aux murs de bois : ça ressemble à une série de rallonges, qu’on bâtirait autour d’un chalet, qui seraient reliées les unes aux autres sans construction principale. On m’observe, une femme est assise en bordure de l’étang avec deux jeunes enfants et elle me dévisage. Je lui lance un regard fuyant avant d’examiner la salle commune qui était vide, je m’avance donc d’une démarche anxieuse et engourdie sur le pont en direction d’autres bâtiments que j’aperçois à travers les arbres.

Tous les édifices que je croise en marchant sont visiblement des habitations. Certains ont des allures de triplex alors que d’autres ressemblent d’avantage à des bungalows. La qualité du revêtement extérieur varie d’un bâtiment à l’autre, jusqu’à ce que j’aperçoive une structure qui se démarque. L’édifice est couvert de vinyle jaune soleil, il est au somment d’une colline et j’aperçois du mouvement à l’intérieur.

L’expérience essénienne

Je me rends jusqu’à la porte alors que je suis dans mon rôle à fond. J’entre, la femme assise à la table d’accueil me regarde et me fait un signe de tête en me parlant. Je ne dis rien, je m’avance vers elle et lui fait un signe de tête en lui lançant un regard partagé entre la menace et l’épouvante.

J’accroche mon manteau et je m’avance dans la grande salle. Des dizaines de personnes de tous âges sont assises sur des chaises pliantes autour du gourou : Olivier Manitara né Olivier Martin selon le site Esséniens.org.

Sa voix est portée par des moniteurs alors qu’un homme filme la cérémonie, l’équipement multimédia semble de bonne qualité. Une femme toute vêtue de blanc, comme beaucoup d’autres esséniens, se lève et regarde mon personnage, visiblement en détresse, avec une bienveillance infinie.

Elle prend ma main dans la sienne et la serre chaleureusement en me souriant, elle me parle mais je me contente de la dévisager alors que je suis déconcerté. Elle place sa chaise entre deux membres du groupe en m’invitant à m’asseoir. J’obtempère nerveusement. (Suite: 98,5 FM)

 

Remarque: le gourou de la secte, un Français, écrit beaucoup. Notre Bibliothèque nationale a acheté 100 titres différents de cet auteur. Le Kiosque félicite les responsables des acquisitions. La maman du gourou n’aurait pas fait mieux.