Philippe Couillard et « ses » leaders musulmans
François Bugingo
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Dans la lettre envoyée au premier ministre, ses auteurs (parmi lesquelles des personnalités connues du public comme Djemila Ben Habib ou Nabila Ben Youssef) posent des questions pertinentes et rejettent le statut de représentant de la communauté musulmane conféré à ceux qui étaient à la table de discussion avec le premier ministre. Ils rappellent, avec justesse, qu’il n’existe en réalité pas une mais « des » communautés musulmanes. De ce fait, aucun groupe, aucun imam ne peut revendiquer une légitimité de représentation de l’ensemble de la communauté.
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Revenons plutôt sur le choix de représentation de la communauté musulmane par le gouvernement Couillard (car aucun participant ne s’est imposé, ils ont tous été invités par le premier ministre). Philippe Couillard a-t-il réduit la communauté musulmane à ces quelques associations et ces quelques imams? En optant pour les courants religieux, a-t-il volontairement écarté des discussions une large partie de cette communauté qui se reconnaît une culture musulmane, mais refuse de s’inscrire dans la pratique religieuse? A-t-il du même coup fait du religieux un interlocuteur privilégié d’organisation sociale et sécuritaire, bafouant du même coup le principe de la laïcité de l’État québécois?
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Bien souvent, aux demandes de dénonciations publiques, embarrassés, les imams préféraient louvoyer, biaiser, faire un parallèle avec le « terrorisme occidental » dont on parle moins, ou alors, plus commun, celui d’Israël sur les Palestiniens. Or, en posant avec le premier ministre du Québec sur la base d’un ordre du jour sans ambigüité, non seulement ils engagent leur parole et leur responsabilité dans le combat contre la radicalisation des jeunes musulmans (convertis ou de naissance), mais ils admettent de facto que la religion est le point de départ de cette transformation qui deviendra politique ensuite, militante (en fait militaire dans la formation) par la suite et terroriste en finale. J’y ai vu de leur part une admission qu’il y avait problème avec un certain islam et qu’ils ne pensaient plus se contenter de s’en distancier en les représentant comme des brebis égarées d’une religion qui autrement n’aurait vraiment rien à se reprocher.