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La série d’articles ici

Le rapport Coulombe 10 ans plus tard

Ramolli sérieux par la Conquête en 1760, le Québec français, on était 60000 – la population de Granby aujourd’hui – encore ami avec pas mal d’Indiens, désargenté, s’est réfugié dans l’art de fabriquer de belles turlutes et beaucoup d’enfants par femme, laissant tout le reste de la réalité aux Britanniques. En fin de compte, tout nous a échappé, sauf Hydro-Québec et Bombardier, dont j’ai vu le logo incrusté dans les métros de Barcelone, de Mexico et de Paris. Sauf qu’ici, il n’y a même pas de train…

 

L’enquête publique

Jamais nous ne nous attendions, Robert Monderie et moi, à ce que notre documentaire L’Erreur boréale (1999) produise un tel effet auprès du grand public. Nous ne nous doutions pas à quel point les Québécois sont attachés à leur forêt. Comme un arbre en guise de colonne vertébrale. Les vacances préférées des gens d’ici: une chaloupe, une canne à pêche, un petit feu le soir, une tite toune.

On se serait attendu

Ce rapport Coulombe (2004) était riche de contenu. Il y avait dans cette équipe, entre autres, un ingénieur forestier, un informaticien de la forêt, un biologiste, un sociologue. Ils ont rapidement cerné les problèmes pressants et proposé des solutions parfois radicales, mais néanmoins réalisables. Confronté à la rigueur de l’analyse, le gouvernement n’a pas eu d’autre choix que de l’accepter, du moins en paroles.

La question des aires protégées

Nous, Blancs agriculteurs venus d’Europe, il nous fallait de la place pour cultiver et aussi du bois pour construire des maisons. La forêt nous apparaissait comme une sorte d’ennemie, d’autant plus qu’on pouvait s’y perdre, s’y faire manger tout rond par les bibittes ou simplement tuer par un Iroquois.

Les bonnes intentions : des oui, des mais

Il m’est arrivé une fois de parler avec l’ancien premier ministre Parizeau. Je lui demande s’il trouve normal qu’année après année les redevances forestières que le Trésor public encaisse de la part de l’industrie ne suffisent jamais à compenser pour les travaux de sylviculture que nous assumons. Il me répond:

Non, ce n’est pas normal. La forêt est toujours gérée selon un modèle colonialiste. Lévesque aurait voulu changer tout ça dans les années 60, mais il en avait plein les bras avec la nationalisation de l’électricité. Et rien n’a été fait. Hélas!

 

La belle loi

Notre ministre Laurent Lessard, responsable des forêts, résumait, il n’y a pas longtemps, l’essentiel de ses préoccupations: «Nous sommes tributaires de ce qui se passe aux États-Unis.» Cela veut dire que lorsque la construction va bien là-bas, on fait rouler les usines. Lorsque ça ne va pas, on les ferme. Voilà où nous en sommes rendus après 150 ans de foresterie: une cour à bois américaine.

 

Kanasuta

Par trois fois depuis 2002, l’Action boréale a réussi à convaincre les compagnies forestières de se retirer du territoire Kanasuta, paradis naturel – tout le monde en convient – situé à l’ouest de Rouyn-Noranda et jouxtant la frontière ontarienne. Au boute du boute de la route 117. Des lacs et des rivières à profusion, des montagnes, un lieu mythique habité par les Algonquins depuis plus de 8 000 ans. Les eaux s’y séparent pour aller soit vers le Saint-Laurent soit vers la Baie-James. Leur autoroute 20 de l’époque quoi…C’est là qu’ils reprenaient leur souffle. Tout comme d’Iberville et ses pirates quand ils allaient « bouter » les Anglais de la Baie d’Hudson.

Infographie: le virage forestier incomplet

http://www.journaldemontreal.com/2015/03/13/le-virage-forestier-incomplet

Le Kiosque a publié:

Petite histoire de la forêt québécoise