Ministère de l’Immigration: les dessous du cirque informatique
Denis Lessard
Les hauts fonctionnaires qui ont des décisions à prendre en informatique manquent cruellement de connaissances en la matière, voire de compétences. Le grand responsable du projet à l’Immigration au début ne consacrait que 10% de son temps à ce dossier. Le chef de projet sortait des HEC et n’avait aucune expérience. On avait opté pour la plateforme AGILE, et le représentant du produit devint rapidement le vrai gestionnaire. AGILE a même fourni un «coach» pour encadrer le fonctionnaire… qui devait l’encadrer comme fournisseur.
L’une des hautes responsables du projet fut jugée incompétente parce que son équipe faisait du surplace. Elle a été déplacée pour faire un travail similaire à la Sûreté du Québec. Une autre, délogée pour faire une place à la conjointe du sous-ministre, fut réintégrée au Ministère après avoir transmis une mise en demeure à son ex-patron.
Une description des comités chargés de faire avancer ce projet fait grincer des dents. L’un des fonctionnaires n’a fait que rappeler les procédures à suivre, une autre s’est bornée à participer à des réunions ou des ateliers de travail sans rien produire personnellement. Un troisième protégeait son royaume en utilisant contre vents et marées un système depuis longtemps dépassé, qu’il est désormais le seul à savoir faire fonctionner.