arton67373-74251Mathieu Bock-Côté

Vigile

85 %: c’est le pourcentage, selon un récent sondage CROP, de Québécois qui s’inquiètent que les immigrants, lorsqu’ils s’installent ici, n’adoptent pas les valeurs de la société d’accueil. 

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Nombreux

C’est aussi une question de nombre. L’historien Michel Brunet disait en boutade que trois choses comptent en histoire : le nombre, le nombre et le nombre. Le Québec reçoit plus de 50 000 immigrants par année. C’est un chiffre démesurément élevé. Ils s’installent pour l’immense majorité à Montréal, où ils trouvent des communautés de leur origine pour les accueillir. En un mot, nous cherchons à intégrer des immigrants avec d’autres immigrants non intégrés.

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La « diversité »

Ce qui inquiète les Québécois, c’est que des gens s’installent chez eux sans vouloir vivre comme eux, avec eux. C’est qu’on ne demande plus aux immigrants de s’intégrer à leur nouveau pays, qu’on définisse ce dernier comme une addition d’individus porteurs de droits sans culture commune. C’est qu’on demande aux Québécois de se transformer profondément pour accommoder la « diversité », comme s’il fallait renverser les rôles entre l’hôte et l’invité.

L’immigration au Québec : entrevue avec le démographe Guillaume Marois

 

Journal de Montréal

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GM : Auparavant, le gouvernement voyait l’immigration comme un outil pour atteindre certains objectifs d’ordre économique et démographique. L’on voyait dans l’immigration un moyen de redresser la démographie et les finances publiques, de combler des pénuries de main-d’œuvre et de pérenniser le français. Si l’on se fie au document de consultation[1] préparé par la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion pour guider les discussions sur la nouvelle politique d’immigration, le paradigme va changer. L’immigration, ou plus précisément la « diversité », sera vue comme une fin en soi. L’on multiplie les formules creuses et vides de sens associant nécessairement la diversité à des choses positives, par exemple que « [l]a richesse de la diversité québécoise et l’apport des personnes immigrantes contribuent à favoriser le dynamisme et la prospérité du Québec ainsi que la vitalité de son territoire ». C’est le nouveau mantra : la diversité est une richesse. Et si les effets positifs de cette diversité ne se font pas sentir,  c’est que la population n’est pas assez ouverte pour l’accueillir.Pour cette raison, les lignes directrices des orientations à prendre visent maintenant à convaincre la population des bienfaits de la diversité, à favoriser l’ouverture et à faire reconnaitre les apports multiples de la pluralité. En bref, ce qui ressort jusqu’à maintenant des orientations de la nouvelle politique d’immigration ressemble plus à la consolidation et l’acceptation des dogmes du multiculturalisme canadien, avec quelques nuances, qu’à une véritable politique publique basée sur des évidences empiriques.