Immigration clandestine
Mathieu Bock-Côté
Depuis quelques mois, la nouvelle est devenue rituelle. Chaque semaine, des milliers d’immigrants clandestins cherchent à traverser la Méditerranée pour rejoindre les rivages européens.
S’ils échouent et qu’on ne parvient pas à les sauver à temps, ils se noieront.
S’ils réussissent, ils rejoindront un pays européen qui les prendra en charge et assurera leur subsistance.
Dans les médias internationaux, la nouvelle est généralement traitée de manière humanitaire. On comprend pourquoi. Comment ne pas pleurer le sort des malheureux qui risquent leur existence pour l’améliorer et qui finissent au fond de la mer? La Méditerranée n’a pas pour vocation de devenir un tombeau à ciel ouvert.
L’Europe ne devrait-elle pas tout simplement ouvrir ses portes pour en finir avec cette tragédie?
On ne saurait pourtant se contenter de verser des larmes. On ne trouve pas d’un côté l’Europe sans cœur se blindant dans sa forteresse et de l’autre des migrants désespérés réclamant seulement un morceau de pain et un toit de fortune. La situation est bien plus complexe.
La crise des migrants révèle une crise démographique majeure déjà commencée qui bouleversera le siècle à venir.
Torrent migratoire
L’Europe est saturée. Voudrait-elle s’ouvrir davantage à l’immigration massive qu’elle n’en serait plus capable. Les peuples européens se sentent aujourd’hui pris devant une déferlante migratoire laissant craindre une forme de submersion démographique. À tout le moins, elle en entretient le fantasme, d’autant que les élites médiatiques, converties à l’immigration massive, expliquent aux peuples qu’ils doivent s’y soumettre.
On peut comprendre cette crainte. Depuis quelques décennies, le vieux continent a été transfiguré. C’est par millions que les immigrants s’y sont installés sans qu’on ait demandé leur avis aux nations.
Cette présence étrangère, qui s’incarne aujourd’hui principalement à travers la question de l’Islam, est de plus en plus pesante. On a beau, par la magie de la citoyenneté de papier, faire des migrants des citoyens européens, le fait est que l’intégration a échoué.
Il y a bien évidemment des exceptions, mais globalement, les populations ne cohabitent tout simplement pas. Et on assiste pratiquement à la multiplication des communautarismes ethniques.
C’est une vérité censurée par notre époque : tous les peuples ne sont pas faits pour cohabiter sur le même territoire. Et lorsque des populations s’installent massivement, illégalement et sans permission dans un pays, cela crée des tensions. Dans les années à venir, elles s’accentueront.
Que faire ?
Que faire, alors? Partout, on tâtonne. Ici, on essaie de réserver les prestations sociales à ceux qui sont arrivés légalement en Europe. Là, on cherche à assurer la prédominance de l’identité européenne.
On veut rappeler que l’Europe n’est pas un terrain vague non plus qu’un territoire sans identité, où chacun pourrait se servir au buffet des services sociaux, pour peu qu’il parvienne à y mettre les pieds.
Il y a un devoir d’humanité élémentaire que tous les pays doivent respecter, et les pays européens le respectent.
Mais l’aide devrait surtout se situer en amont en aidant les pays d’où viennent les clandestins à se développer.
Car l’Europe a aussi le droit de défendre ses frontières en faisant ce qu’il faut pour éviter que des millions d’hommes ne s’installent chez elle malgré elle. C’est ce qu’on pourrait appeler un devoir de réalité.