Lu ce passage de René Lévesque
René Lévesque
Attendez que je me rappelle
Québec/Amérique, 1986
p. 83-84
«Aujourd’hui, après tant d’années et de réformes et par conséquent de progrès, quand on voit ces amas de jeunes flancs-mous affalés dans tous les coins, potant et placotant, on ne peut se défendre d’un sentiment de malaise. Faire des enfants forts en les laissant ainsi à la traîne?
Allons plus loin. Tout ce bag d’une moindre effort, la mode des «s’éduquant» qui persiste même après avoir sombré dans le ridicule, les leçons à ne pas savoir, les devoirs pour rire et les bulletins bidons, qu’est-ce d’autre que la lâcheté des adultes qui s’étale? On n’ose plus imposer aux jeunes la moindre vraie contrainte, pas même à ces 10-15 ans, animaux particulièrement fringuants et sauvages que l’on prive ainsi bêtement du minimum de discipline qui lur ferait tant de bien. Or ils le savent au fond et, confusément, ils en viennent tout de suite ou plus tard à nous en vouloir et à nous mépriser quelque peu. »