Valérie Plante commence ses réunions en disant de Montréal qu’il s’agit d’un territoire mohawk non cédé. En 1642, ils n’étaient pas là.
Extraits de La Conquête: petite histoire des Indiens du Québec (et du Canada)
La demande européenne pour les fourrures augmente sans cesse, et bientôt les navires de commerce sont aussi nombreux que les bateaux de pêche sur le Saint-Laurent. Aucune organisation encore: Innus et Micmacs vendent à qui ils le désirent; ils ont le choix. En 1578, par exemple, une vingtaine de navires remontent le Saint Laurent, commerçants, pêcheurs français ou basques venus chasser la baleine, etc., dont plusieurs s’arrêtent à Tadoussac, lieu de rassemblement traditionnel des Innus.
Certains Français en ont cependant assez de tous ces Européens indépendants qui viennent chaque année à Tadoussac. Ils veulent obtenir le monopole de la traite et, pour cela, il leur faut des alliances plus solides, plus formelles avec les Indiens, particulièrement avec les Innus, qui contrôlent le Saguenay et une partie du St-Laurent.
Plus loin sur le Saint-Laurent, les maisons longues sont désertes, le maïs ne pousse plus: les petits villages qui balisaient la route de l’Ile-aux-Coudres à Montréal au temps de Cartier ont disparu. Aujourd’hui encore, on ignore ce qu’en sont devenus les habitants. Exterminés par d’autres fermiers comme ceux du lac Ontario? Ou encore par les Innus? Emportés par la maladie? Assimilés par les Mohawks, ces Iroquois du Richelieu? Entre le départ de Cartier et l’arrivée de Champlain, les fermiers disparaissent de la vallée du Saint-Laurent seulement, car à un millier de kilomètres plus loin, sur les bords des lacs Erié et Ontario, des milliers de fermiers continuent à cultiver et à produire en abondance le maïs et le tabac. Au moins dix-sept tribus ayant la même armature sociale, une langue et une culture similaires et vivant surtout d’agriculture, peuplent de nombreux villages dans la péninsule ontarienne et le nord de l’actuel Etat de New York.
Ces fermiers ne s’entendent pas toujours entre eux et certaines tribus se sont regroupées pour former des confédérations, conformément aux enseignements du prophète Deganawidah, qui est venu parmi eux quelques générations avant l’arrivée des Européens, accompagné de son porte- parole Hiawatha. Ils ont exposé aux fermiers que leur territoire est à l’image de ces maisons longues qu’ils habitent tous: une porte aux deux extrémités, les différents clans et peuples entre les deux et un feu principal au milieu. Ce prophète leur a aussi enseigné les mécanismes permet tant à chaque nation de garder sa pleine autonomie tout en s’associant aux autres peuples du territoire de la « maison longue». Ces enseignements et l’histoire de Deganawidah et de son porte-parole devinrent la Bible de cinq nations qui se soudent pour devenir la Ligue iroquoise, la Ligue du peuple de la longue maison. Près du lac Erié, les Sénécas gardent la « porte» de l’ouest alors que le Richelieu et l’Hudson, « porte» de l’est, étaient défendus par les Mohawks. Entre les deux vivent d’autres nations, dont celle des Onondagas, gardiens du Feu sacré et des traditions et siège de la Ligue iroquoise. C’est autour du Feu sacré que les membres de la Ligue iroquoise se rencontrent plusieurs fois par année pour recevoir des ambassadeurs, discuter d’affaires tribales et décider de la paix ou de la guerre avec leurs ennemis traditionnels: les Hurons, les plus nordiques des fermiers.