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“De manière perverse, j’ai parfois l’impression que ces antimasques et tous ceux qu’on appelle « complotistes » font l’affaire des médias. Pas seulement parce qu’ils fournissent du contenu bizarre et choquant à peu de frais. 

Surtout parce qu’ils préfigurent un monde apocalyptique où « les médias traditionnels » ne sont plus crus. 

Où « les gens » s’abreuvent à des sources d’informations obscures, russes et malveillantes. 

En amplifiant leur importance, on se trouve à redire notre propre nécessité, notre supériorité, et à consolider notre statut de service d’utilité publique, de sauveteurs de la démocratie.”

(…)

C’est un curieux paradoxe : la nature même du journalisme pousse à se méfier de toute information officielle, de tout gouvernement, à remettre en question la version des divers pouvoirs. Particulièrement aux États-Unis, et spécialement depuis la guerre du Viêtnam et le Watergate.

Nous voici maintenant déroutés devant des groupes qui ne croient ni au gouvernement, ni à la science, ni aux médias, comme s’il s’agissait d’une sorte de bloc.

Il n’y a pourtant jamais eu d’époque où « les médias » étaient largement crus. « Les médias traditionnels », d’ailleurs, ont en commun un modèle économique, mais ont été en contradiction souvent radicale les uns avec les autres depuis la nuit des temps, ce qui est la nature même de la conversation démocratique. (…)

« Rappelez-vous le débat qui faisait rage sur la soi-disant dangerosité des compteurs intelligents d’Hydro-Québec. 

Les gens qui menaient ça n’étaient pas les gens les moins instruits. Au fait, qui en parle encore ? »

Effectivement, c’était un énorme truc dans les médias et, selon l’expression consacrée, « viral sur le web », ce qui est synonyme de « les réseaux sociaux s’enflamment ».

Ce qui est l’équivalent de « j’ai entendu ça dans l’autobus ».

Les réseaux sociaux étant, comme dit Yves Gingras, cette taverne à ciel ouvert « qui nous donne accès à une conversation superficielle auparavant confinée derrière quatre murs ».

Les gens sont pas si fous que ça. Faut se le rappeler une fois de temps en temps, entre deux manifs antimasques.