Lu dans le très québécois Journal du conservatisme critique :

“La France est-elle devenue la risée du monde ?” Pour peu qu’on eût la patience d’écumer les centaines de commentaires publiés, la question, posée par les Français ordinaires, revenait comme une obsession sur les forums des grands quotidiens nationaux. Spectacle déchirant, n’en doutons pas, et qui appelle un soutien moral immédiat de la francophonie d’outre-Atlantique. Depuis ma modeste plateforme, je tiens donc à rassurer nos cousins français. La France n’est pas ”devenue” la risée du monde, et ce pour une raison fort simple : elle l’était déjà. Qui prend au sérieux la France, comme entité politique, sinon une poignée de souverainistes québécois et guadeloupéens ? Cette tigresse de papier, prisonnière comme ses comparses européennes de la même cloche de verre bruxelloise, ne fait plus peur à personne. Sa perte de puissance concrète à l’échelle occidentale et mondiale ne serait toutefois pas si catastrophique si elle avait l’intelligence, entre deux apéros, de gérer son déclin. Plutôt que de prendre la pose vaudevillesque d’un Napoléon du pixel, en courant les conférences de presse en simultané des deux côtés de l’Atlantique, pour parler à Londres comme à Washington de “refonder le capitalisme”, la France-qui-fait-s’esclaffer eût été mieux avisée de s’en tenir à la fructification rusée et prudente de son capital symbolique. Mais la France, c’est ce qui fait son comique mais aussi son charme suranné, ne peut pas se résoudre au déclassement. Ridée mais fière, plus luisante que brillante, la France de 2009 est une courtisane quinquagénaire aigrie qui aimerait se croire toujours au centre du monde.