Il faut savoir que les journalistes, pressés ou paresseux, ne vérifient pratiquement jamais la représentativité des organismes qui les sollicitent. C’est particulièrement vrai :

A- si les journalistes sont d’accord avec les buts avoués des organismes en question. Il ne viendrait à l’idée d’aucun journaliste de demander à la Fédération des femmes du Québec si leur membership a fluctué au cours des dernières années, combien de personnes assistaient à la dernière assemblée générale de la table de concertation des amis de Cuba, ou combien de chargés de cours de l’UdM étaient présents lorsqu’ils ont voté la grève (115 sur 2433).

B- si les journalistes ne connaissent rien à la question. On en a eu la preuve avec les musulmans de Montréal. Pendant une dizaine d’années les journalistes ont interviewé systématiquement les deux mêmes imams, l’un Tunisien, l’autre Égyptien. Pas besoin d’avoir inventé l’eau chaude pour comprendre qu’ils ne représentaient peut-être pas les autres musulmans, les Pakistanais, les Africains, etc. De plus, les deux imams étaient intégristes et avaient étudié en Arabie Saoudite. C’est dire qu’ils ne pouvaient représenter la grande majorité des musulmans modérés du Québec. Depuis 2004, on voit l’association Présence musulmane un peu partout dans les médias. Ces incontournables ont quelques atouts majeurs: un site web, des porte-parole articulés et ils retournent les appels des journalistes. Seul un journaliste de la Gazette a eu l’idée géniale lors de la controverse sur Tariq Ramadan de demander le nombre de leurs membres. Fascinant.

Asmaa Ibnouzahir, a spokesperson for Présence musulmane, (…) said the organization’s Montreal chapter (…) has about 30 members, including students, intellectuals, workers and non-Muslim supporters. (Muslim scholar draws sellout crow, The Gazette, 6 Nov 2009)

Donc :

Présence musulmane : 30 personnes

Nombre de musulmans à Montréal : plus de 100 000