Pierre Foglia
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La Presse

Même imparfaitement bilingue, je connaissais le mot faggot, je l’ai entendu souvent quand j’étais chroniqueur sportif, je l’ai vu écrit sur des pancartes dans des stades et des arénas du Canada et des États-Unis, je l’entends dans des chansons que j’écoute dans mon iPod – non, pas celle de Dire Straits dont tout le monde parle depuis hier, une autre, Pieces of You, de la chanteuse Jewel: You say he’s a faggot, are you afraid you’re just the same?/Faggot, faggot, do you hate him ’cause he’s pieces of you?

Je connais le mot faggot (tapette), mais je ne connaissais pas le Conseil canadien des normes de la radiotélévision, encore moins sa section des Maritimes, qui vient de donner raison à une plaignante gaie de Terre-Neuve qui déplorait qu’une station locale ait fait jouer Money for Nothing, de Dire Straits, dans laquelle on entend?: That little faggot got his own jet airplane/that little faggot he’s a millionaire.

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Et encore, on n’a parlé jusqu’ici que de la norme langagière. Mais qu’on pense à toutes les autres normes, et en haut de la liste celles qui tournent autour de la santé et de ses sous-thèmes, la bouffe, l’activité physique. Pensez au discours du bon Dr Richard Béliveau, qui est à lui seul un Conseil canadien des normes de bonne santé. Ai-je dit canadien? Pardon, je voulais dire planétaire.

Pensez aux normes en éducation, tout particulièrement autour de «l’élevage» des petits enfants, l’allaitement devenu presque obligatoire, le discours des pédopsychiatres sur les garderies, ces abominables goulags de la petite enfance, et plus tard la norme absolue de l’estime de soi, qui nous donne, on s’en étonnera, des petits cons qui ont justement une très haute estime d’eux-mêmes.