Je m’étais présenté au cours dans un état mitigé, entre la caféine de mes trois cafés et la puissante envie de dormir après une nuit blanche dans un autobus, au retour des États-Unis. J’étais tout de même venu pour deux raisons : le sentiment de culpabilité, léger mais tout de même, d’avoir manqué le cours précédent ; et la remise du devoir hebdomadaire.

Je me suis mis depuis trois mois à remettre en question l’utilité de ces devoirs. Car il y a de quoi réfléchir : ils sont toujours évalués. La plupart sont en fait des travaux de fin de session ; si on ne les fait pas, on perd un pourcentage significatif de la note. Et non seulement ça, mais ils doivent être remis en main propre. Si on veut les remettre par courriel, c’est possible, mais alors il faut parler au prof, justifier notre absence, bref, communiquer. C’est presque plus simple de se rendre tout simplement au cours et se fondre dans la masse. D’autant qu’on n’a pas besoin d’écouter, j’en ai déjà parlé. (voir Écouter en classe ? Pourquoi faire ?)

J’ai un prof qui en a compris le potentiel motivateur. Il donne un petit devoir chaque semaine, simple comme bonjour… mais qu’il faut tout de même remettre. Il consiste à commenter un article de journal en 100 mots. Et le prof nous l’a dit : le commentaire, ce peut être un questionnement si on n’a rien compris, une petite biographie d’une personne dont l’article parle, ou notre point de vue. L’important, c’est qu’on remplisse le paragraphe : on peut dire n’importe quelle niaiserie, le professeur peut vouloir hurler tellement on est dans le champ, il ne va pas nous enlever des points.  Personnellement, je le fais en un quart d’heure le matin même avant le cours. Si ce que je raconte n’a pas d’importance, s’il s’agit d’enfiler des mots l’un après l’autre, alors je ne fais pas d’efforts. Je choisis simplement un peu mes mots, c’est amusant : je glisse « problématique », « tensions », « conflits », « socio-historique », qui sont très appréciés en sciences humaines. Et apparemment, ça fonctionne. Ma moyenne pour ces petits devoirs : 100%.

Cette technique a ses succès. La preuve, je m’y rends, à mes cours. Et donc, même si je suis fatigué et démotivé, je me présente pour faire un petit sourire au professeur, recevoir ma note et me sentir mieux dans ma peau. Je ne m’avance pas sur la motivation de mes collègues… mais nous sommes tous dans le même troupeau.

Pour les autres chroniques : http://kiosquemedias.wordpress.com/category/une-vie-au-cegep/