Ce qui me trouble

Rima Elkouri
La Presse

” On peut se réjouir du fait qu’un reportage ait réussi à faire bouger les choses. En même temps, ce qui me trouble, c’est qu’il faille des cas aussi graves pour que Québec se décide à agir.”

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À Montréal, un citoyen peut savoir en un seul clic si son restaurant préféré a été condamné pour insalubrité. Il peut, en un seul clic aussi, s’assurer que l’animalerie du quartier traite bien ses chiots. Mais impossible pour lui de savoir si une garderie en milieu familial subventionnée par l’État traite bien les enfants. Cherchez l’erreur.

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Presque n’importe qui peut diriger un service de garde en milieu familial à 7 $ au Québec. Les exigences de formation sont minimales. Et le contenu des rares cours exigés est souvent de piètre qualité. La preuve : sans compétences particulières en la matière, notre journaliste a obtenu un permis du gouvernement pour offrir des formations aux responsables de service de garde de la province. (Ariane Lacoursière dans son reportage sur des services de garde en milieu familial)

Rima Elkouri: ” Dans bien des cas, il avait fallu des mois, voire des années pour que le permis du service de garde soit suspendu. Combien de temps avant de fermer une garderie où la responsable avait l’habitude d’attacher un enfant de deux ans et demi dans sa chaise pendant qu’elle faisait sa sieste au sous-sol avec les autres? Deux ans… Du temps précieux dans la vie d’un enfant, perdu à tout jamais.

Même en cas d’infractions encore plus graves, il est inquiétant de constater que les parents sont tenus dans l’ignorance. Depuis 2009, les rapports d’inspection des centres de la petite enfance et des garderies privées peuvent être consultés sur le site du ministère de la Famille, mais pas ceux des services de garde en milieu familial subventionnés. C’est d’autant plus absurde que ces garderies reçoivent des fonds publics et ont des responsabilités tout aussi importantes.