Grosso modo, les pays recevant beaucoup d’immigrants finissent par inventer un genre de formule sociale pour les absorber ou faire semblant qu’ils ne sont pas là.

La formule britannique : le modèle multiculturel ou plus précisément : «  Vous ne serez pas nous ».

La formule scandinave : « on va vous supporter, mais, s’il vous plaît, soyez invisibles jusqu’à ce que vous soyez comme nous. »

Le modèle hollandais : «  vous serez intégrés mais non assimilés. »

Le modèle allemand : « vous êtes ici temporairement, vous allez retourner chez vous. »

Le modèle français, à l’impératif présent : « vous serez nous. »

Le Kiosque recommande fortement la lecture de cet article d’Hélène Côté paru dans Présence : Trouver racine en terre d’immigrés.

Extraits :

« Des accommodements raisonnables? Pas sûr, puisqu’ils sont en train de nous faire perdre la raison! »

« Nous sommes d’un naturel bienveillant et l’accueil est chez nous coutume. D’ailleurs, nous sommes une terre d’immigrés. Seulement, depuis quelque temps, l’immigration dérange. Les accommodements faits aux immigrants dans le respect de leurs droits – et conformément à notre droit – ont semé la grogne envers ceux-ci et fait naître une sorte de ressentiment envers notre propre gouvernement. Le problème est qu’aussi «raisonnables» soient-ils, les accommodements dérangent un je-ne-sais-quoi en nous qui n’a rien avoir avec la raison… ou plutôt si! Être raisonnable: «qui agit selon la raison, le droit, l’équité», nous informe le dictionnaire Littré. Mais aussi: «qui agit avec résignation…» »

« Il y a quelque chose qui nous hérisse et voilà qu’on se redresse. Le voile des musulmanes, on ne peut plus le voir, parce qu’il symbolise la négation de l’égalité homme/femme, mais sûrement encore davantage parce qu’il défie l’ensemble des valeurs et des attitudes occidentales comme la laïcité, la sécularisation qui traduit la primauté de la raison, l’individualisme et la liberté d’agir comme bon nous semble. Il remet aussi en question notre goût pour la séduction, la consommation, la mode, les plaisirs faciles (oui!), la technologie, le progrès. En fait, le voile semble renier tout notre mode de vie. Chez nous. Pour dire les choses autrement, ce n’est pas la femme musulmane que le voile humilie. C’est la vie occidentale! D’ailleurs, le port du voile s’est imposé en Iran pour résister à l’occidentalisation… »

« Beaucoup de nouveaux arrivants trouvent ici un refuge, du travail et donc de l’argent, une vie tranquille, sécuritaire et donc libre. À vrai dire, la culture québécoise ne les intéresse tout simplement pas. Certains même se scandalisent que nous ayons si peu de considération pour notre passé, nos héritages, nos ancêtres, nos parents et la famille elle-même puisqu’elle se décompose et se recompose au gré de nos humeurs et de nos fantaisies. Ils nous croient impies et n’éprouvent pas vraiment le désir de se mêler plus étroitement à nous, encore moins de vivre comme nous. Pour le reste, ils trouvent qu’ils mettent pied dans un pays au climat hostile! »

Comment, dans ces conditions, vivre ensemble? »

À propos de l’auteure

Signalons qu’un autre excellent article d’Hélène Côté, Savoir par cœur et par amour,  (une sorte de plaidoyer pour l’étude), est, semaine après semaine, l’un des textes les plus lus dans le Kiosque…