Retraités de l’État ; Finances publiques sous pression
Rémi Nadeau / Journal de Québec
Les nombreux départs à la retraite de fonctionnaires créent une pression croissante sur les finances publiques. Alors que l’État versait 4,8 milliards $ en prestations aux retraités, en 2006, cette somme est passée à 6,5 milliards $, en 2010, et atteindra 10 milliards $, en 2020.
Est-ce qu’il faut s’inquiéter? Noooooooon. La présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, qui maîtrise la posture de l’autruche depuis son passage au ministère de L’Éducation « croit qu’il faut éviter de tirer des conclusions alarmistes.”
Elle signale que pour la première fois, des hausses du taux de cotisation des employés de l’État ont été inscrites à la signature de la convention collective, ce qui fera passer le taux de 8,19 à 9,69 % en 2013.
La ministre ajoute que les rendements des marchés boursiers pourraient être meilleurs dans les prochaines années et permettre aux cotisations placées à la Caisse de dépôt et de placement de fructifier davantage. ( Pas question d’envisager qu’ils pourraient être pires)
Puis, elle signale qu’après 2020, il n’est pas impossible d’assister à un redressement de la courbe démographique. (Il n’est pas impossible non plus qu’elle renonce à son régime de retraite).
Policiers de la Sûreté du Québec
2,3 % x nombre d’années x traitement admissible
Un policier qui se retire à 55 ans avec 30 années de service a droit à une rente immédiate sans réduction. Si le salaire admissible moyen de ses quatre meilleures années de rémunération est de 74 000 $
Rente annuelle de 51 555 $
Enseignants à l’Université Laval
1,85 % x salaire de référence x nb d’années de participation
Un enseignant dont le salaire de référence est de 120 000 $ et qui quitte après 30 ans
Rente annuelle 76 566 $
Fonctionnaires (RREGOP)
2 % x années de service x salaire admissible
Un commis qui prend sa retraite à l’âge de 60 ans, après 25 années de service, a droit à une rente sans réduction. Si son salaire admissible moyen de ses cinq meilleures années de 60 000 $
Rente annuelle de 30 000 $
Employés d’Hydro-Québec
2,25 % x salaire moyen des 5 meilleures années x nb d’années
Un travailleur qui quitte à l’âge de 53 ans, après 32 années de service, dont le salaire annuel moyen est de 55 000 $
Rente annuelle 39 600 $
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Les régimes de retraite publics
Classe à part
Michel Hébert
Parce que l’État en est garant, les régimes de retraite publics représentent une menace pour l’équilibre des finances publiques.
Collectivement, les Québécois ont des obligations de 80 milliards $ envers 560 000 personnes, employées de l’État.
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Michel Hébert
Malgré l’avis contraire des actuaires, les syndicats se sont entendus avec le gouvernement pour réduire la hausse des cotisations payables par les fonctionnaires et les divers employés de l’État à leur régime de retraite.
Les employés de l’État diront qu’ils paient de leur poche les avantages de leur retraite mais ce n’est pas exact ; en 2010, les cotisations payées totalisaient 1,3 milliard alors que les rentes payées aux retraités ont atteint 6,5 milliards. Cherchez l’erreur!
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Les gagnants et les perdants du système
Jean-François Cloutier
Le nombre de retraités de la fonction publique québécoise augmente en flèche, tout comme les coûts reliés à leurs fonds de pension. Le Journal vous présente cette semaine une série de reportages qui éclaireront ce sujet capital à l’heure où l’assainissement des finances publiques fait consensus.
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Retraités de l’État
Syndicats et retraités montent aux barricades
Rémi Nadeau
Chez les chefs politiques, seul François Legault a exprimé son avis sur le sujet, hier. Questionné lors du lancement officiel de son parti politique, la Coalition Avenir Québec (CAQ), M. Legault a déclaré que le gouvernement devrait dire la «vérité à la population».
Selon lui, le poids des régimes de retraite publics sur les finances publiques pose désormais un problème d’équité envers les jeunes générations.
«Il va falloir dire la vérité à la population», a-t-il dit.
Le chef de la CAQ a fait comprendre que le gouvernement, et donc l’ensemble des contribuables, aura un jour de la difficulté à respecter les dispositions des conventions collectives portant sur la retraite des employés de l’État. «On s’en va dans le mur», a pour sa part déclaré le porte-parole de l’ADQ en matière de finances publiques, François Bonnardel.
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Commentaire
Benoît Aubin
Chronique d’un cauchemar annoncé
Constants alarmants
Parmi les conclusions les plus importantes de cette série : -Le déséquilibre entre le traitement des employés des différents gouvernements, et des autres citoyens, qui financent les premiers, est scandaleux. À salaire égal, on doit travailler sept ans de plus dans le privé que dans le public pour profiter d’une retraite plus modeste et moins certaine.
-Tous les fonds de pension sont déficitaires. Ceux du privé peuvent faire faillite, ou imposer des diminutions de prestations si les marchés s’effondrent, ou si les entreprises y ont trop pigé à d’autres fins. Mais les conditions des ex-employés du public sont garanties par l’état.
-Ces déficits actuariels sont déjà considérables aujourd’hui -208 milliards (MILLIARDS !!!) au fédéral, 75 milliards au provincial (pour les fonctionnaires), 25 milliards à la régie des rentes du Québec. Mais on n’a encore rien vu : ces chiffres sont en train d’exploser, alors que les baby-boomers arrivent à la retraite…
Dans 10 ans, il y aura deux fois plus de retraités qu’aujourd’hui, et deux fois moins de travailleurs pour les financer -dans leur liberté 55 pour les uns, ou leur pauvreté 70 pour les autres.
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Au municipal
Retraites dorées
Les municipalités sonnent l’alarme
Donald Charette
Plusieurs villes du Québec, dont Montréal et Québec, sont entraînées vers un gouffre financier en raison du poids démesuré des régimes de retraite de leurs employés.
Dans le cas de la Ville de Québec, les régimes de pension feraient rêver tout citoyen. La norme générale établit qu’un retraité touche jusqu’à 70 % de son salaire, et c’est le cas des travailleurs du secteur public. Selon des documents obtenus par Le Journal, des employés de la Ville de Québec bénéficieront du même revenu… une fois à la retraite.
Deux vitesses
La force de travail au Québec fonctionne à deux vitesses quand il s’agit de la retraite : la grande entreprise et le secteur public et les autres. On exige donc d’une majorité de contribuables – 60 % des travailleurs n’ont pas de régime de pension offert par leur employeur – de mettre la main dans leur poche pour permettre à un employé municipal de se retirer avant 60 ans avec un salaire intact.