La retraite des fonctionnaires ou l’industrialisation du pot-de-vin
Chronique de Jean-Benoît Nadeau
« Quand j’entends les mêmes personnes se plaindre du scandale de la corruption et du traitement des fonctionnaires, je redoute le pire. Car la corruption est universelle et il faut un fort degré d’avancement et de moralité publique pour l’éviter, et encore!
Regardez les pays sous-développés : il y a bien des raisons qui expliquent leurs problèmes, mais l’une d’elles est certainement que leurs fonctionnaires ne touchent pas assez pour ce qu’on leur demande de faire. On peut compenser le mauvais traitement salarial en inculquant à la population une très haute estime du service public, comme en France par exemple. Mais même en France, où la fonction publique est adulée, les fonctionnaires jouissent de privilèges enviables qui visent précisément à acheter son dévouement.
Au Canada, et j’inclus ici le Québec, le discours public valorise peu les fonctionnaires. On les perçoit en général comme des planqués ou des assistés sociaux. Ce type de dénigrement social rend d’autant plus nécessaire un excellent traitement. Le seul moyen de réduire le coût des salaires des fonctionnaires sans risquer de gangrener le système par la corruption systématique, ce serait de réduire le nombre de fonctionnaires, ce qui suppose soit des coupures de services, soit une réorganisation ingénieuse des méthodes de travail.»