Les nuls en orthographe n’ont pas dit leur dernier mot
Le Point.fr
Hier, Anne-Marie Gaignard était un cancre, aujourd’hui, sa méthode fait des émules. La phobie des dictées, une fatalité ?
Vous avez été diagnostiquée dyslexique à neuf ans. Or, vous avez compris beaucoup plus tard qu’il s’agissait de dysorthographie. Quelle est la différence ?
La dyslexie est un problème neurologique, un dysfonctionnement cérébral, qui peut être léger, moyen ou sévère et qui nécessite une rééducation orthophonique. Cela n’a rien à voir avec la dysorthographie, qui est un trouble lié à l’inadaptation de la méthode d’apprentissage de l’enfant. De nombreux jeunes sont en difficulté scolaire tout simplement parce que la méthode globale ne leur convient pas et qu’on leur fait suivre des heures de séances chez l’orthophoniste pour rien.
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Après ce déclic, vous avez décidé que, si la méthode qu’on vous avait inculquée depuis le CP ne vous convenait pas, il faudrait vous inventer la vôtre. Quelle est-elle ?
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Après ce déclic, vous avez décidé que, si la méthode qu’on vous avait inculquée depuis le CP ne vous convenait pas, il faudrait vous inventer la vôtre. Quelle est-elle ?
J’ai transformé la phrase en conte de fées. Adieu les barbares COI, les COD, les conjonctions de subordination… Désormais, il y aurait deux rois au pays de la grammaire. Être, le gentil. Et avoir, le méchant. Et chaque mot devra avoir sa propre histoire. “Accuser” : je mets des menottes, donc deux “c” ; “acquitter” : on m’enlève les menottes, donc je n’en mets qu’un. Dans la phrase “Les éléphants ont bu l’eau de la mare”, je dessine un muret derrière le verbe. Après “bu”, on grimpe sur le muret, on passe de l’autre côté et on se demande : “qui ?”, “quoi ?”. Si je trouve la réponse au pied du mur, je file, donc je n’accorde pas. Si je dois repasser le mur, en revanche j’accorde. C’est comme un jeu, finalement. J’ai rassemblé ces techniques dans Hugo et les rois, l’histoire d’un petit garçon angoissé par les mots, qui trouve de l’aide auprès d’une petite fée qui déjoue les pièges de la langue française. Après le succès du premier opus, vendu à près de 200 000 exemplaires, Hugo a eu deux petits frères : Hugo au royaume des sujets dangereux et Hugo joue à cache-cache avec les rois. D’une certaine façon, j’ai recréé l’école dont j’avais toujours rêvé.