Une voiture, un alcootest: la mesure française plaît au Québec
Agence QMI, Jean-Nicolas Blanchet
QUÉBEC – Les intervenants en sécurité routière acclament la nouvelle mesure française qui oblige les automobilistes à disposer d’un alcootest dans leur véhicule. Une mesure que le Québec doit copier, juge Jean-Marie De Koninck.
Le président de la Table québécoise de la sécurité routière a estimé qu’il s’agit d’une mesure simple qui permettrait aux automobilistes de mieux évaluer leur capacité de conduite. Il prévoit même «certainement» en discuter à la Table. «C’est une excellente idée! a-t-il dit. (Mais il a nuancé son approbation dans La Presse)
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Une autre excellente idée serait de lire l’article du Canard enchaîné sur le sujet.
Le Canard Enchainé 20/06/2012
Isabelle Barré
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« Avec les alcootests rendus obligatoires, à partir du 1er juillet, dans toutes les boites à gants, les industriels trinquent à la bonne affaire
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Après le gilet jaune et le triangle rouge, place à l’éthylotest. Le 1er juillet, tous les automobilistes devront s’équiper d’un ou plutôt deux appareils de ce type et les fourrer dans leur boîte à gants. Une demande des associations de sécurité routière? Pas du tout. L’idée a été mise en tonneau … par les fabricants d’éthylotests.
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Tout commencé en juillet 2011 avec la création de l’association l-Tests, visant à« promouvoir “, dixit ses statuts, le « dépistage de l’alcoolémie ». Pas de site Internet, pas de communication grand public: l’association ne rassemble que les fabricants et se contente de draguer les politiques. Avec une efficacité rare : quatre mois plus tard, le 30 novembre, Sarko décrète l’obligation pour les conducteurs de s’équiper, au 1er juillet 2012, de ces tests, sous peine de se voir infliger une amende de 11 euros. Nos lobbyistes tombaient à pic. Après la valse-hésitation de Guéant sur les panneaux avertisseurs de radars, l’occasion était trop belle d’annoncer une mesure qui ne coûte pas un rond à l’Etat et qui ne soulève pas les foules.
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Ballon d’or
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Jackpot ! Dans l’Hérault, la société Contra1co se frotte les mains: avec son fameux « ballon» qui équipe les forces de l’ordre, elle exerce un quasi- monopole sur le marché français. D’autres fabricants proposent des éthylotests électroniques, indiquant le taux exact d’alcool et pouvant resservir. Mais, le prix de ces bijoux étant de 100 ou 150 euros, le choix sera vite fait. La plupart des conducteurs opteront pour les modèles « chimiques », comme le ballon à 1 ou 2 euros, qui indique juste si le taux légal est dépassé. Seule obligation édictée par le décret : acheter un appareil certifié « NF » (Norme française). Or, comme c’est heureux, seuls deux fabricants d’éthylotests chimiques ont décroché le fameux label : Contralco, bien sûr, et Red Line, une boîte sud-africaine qui compte pour des clopinettes sur le marché français.
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Nos lobbyistes peuvent trinquer, et plutôt deux fois qu’une. Car le décret pondu le 28 février est un grand millésime : il impose un éthylotest « non usagé» dans chaque bagnole. Oui, mais si, après un dîner arrosé, un conducteur discipliné souffle dans son ballon, obtient un résultat négatif et reprend le volant en sifflotant, le machin aura servi. « Usagé », diront les poulets, en cas de contrôle. Et le bon élève sera verbalisé pour s’être dépisté lui-même ! Seule solution : en avoir un autre en réserve. A 1 euro l’appareil, au minimum, et à raison de 38 millions de voitures, et de deux-roues, voilà un beau marché : 76 millions d’euros, au bas mot. Et renouvelable, car les tests chimiques sont périmés au bout de deux ans …
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Les carnets de commandes pétillent déjà comme un bon mousseux. Chez Contralco, ces jours-ci, le standard ne répond plus. La boîte, rachetée en 2006 par deux inconnus venus du textile, Eric Condesse et Antoine Marin, ne sait pas où donner de la tête. “C’est une mesure qui a du sens, ça crée de l’emploi .. on est déjà passé de 67 à 212 salariés », explique sans rire Daniel Orgeval, président d’I-Tests et chargé de mission à Contralco. Ce consultant, ancien dirigeant d’une société de radars (Multanova), n’a pas ménagé sa peine : un courrier à Guéant le 3 août, une table ronde à l’Assemblée, des rendez-vous avec des préfets et à la Délégation à la sécurité routière … « Il mériterait une prime de semelle », raille Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.
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Qui a bu boira
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D’ordinaire favorable à toutes les mesures de prévention, la Ligue trouve cette fois la « mesurette grotesque » :
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« Les deux tiers des accidents mortels ont lieu quand les gens ont plus de 1,5 gramme d’alcool dans le sang. Ceux-là s’enivrent, ils ne se testeront pas. On fait payer tous les autres, en leur imposant des tests pas si fiables.» Casser un embout, souffler correctement et arriver à voir « si un truc jaune ne vire pas vaguement au vert, la nuit, à 3 heures du matin, ce n’est pas évident », critique encore Chantal Perrichon, qui réclame de « vraies» mesures, par exemple l’installation d’« éthylotests antidémarrage » sur tous* les modèles de voiture.
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En attendant, des petits malins ont flairé l’aubaine. En mai, les douanes ont saisi 20 000 éthylotests électroniques pas franchement aux normes, pour la plupart venus de Chine: le compteur restait bloqué à zéro quel que soit le degré d’alcool… »
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Santé!
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*Commentaire de la Ligue:
Chantal Perrichon a demandé un correctif au journal à propos de la phrase sur les éthylotests antidémarrage. La position de la Ligue sur ce sujet est très claire. Depuis la fin de l’année dernière, le code de la route (article L 234-2) permet aux juges d’imposer l’obligation pour les auteurs des délits de conduite en état alcoolique, de conduire un véhicule équipé d’un éthylotest antidémarrage. Cette mesure a fait ses preuves depuis plus de 20 ans dans différents pays (USA, Canada, Suède, etc.). La Ligue contre la violence routière demande que cette disposition qui œuvre dans le sens de la prévention soit largement appliquée en particulier pour les consommateurs à risque.