Semaine de la Saint-Patrick
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Extraits
L’Irlande à ce moment, explique le grand historien de la famine Cecil Woodham-Smith :« n’était encore ni assimilée ni soumise. Le pays avait été conquis, non pas une, mais plusieurs fois; la terre avait été confisquée et distribuée à plusieurs reprises, la population avait été amenée presque à extinction (..) mais il existait toujours une nation irlandaise, distincte et hostile.» (Cecil Woodham-Smith, La grande famine d’Irlande, Plon, P.7)
Elle va subir le pire coup dur de son histoire.
An Gorta Mor – La grande famine
Grosse Île en 1832
La ferme de Pierre Duplain sur la Grosse Île avant l’établissement de la station de quarantaine en 1832
Grosse Île est une petite île. Sept cent cinquante mètres de long, autant de large, on en ferait le tour en moins d’une heure. L’île entière est un cimetière, six mille Irlandais y sont enterrés. Ici, à 48 kilomètres de Québec, face à Montmagny, s’est terminée une des grandes tragédies de l’histoire.
(….)
Le 14 mai 1847, le Saint-Laurent est encore recouvert de trois centimètres de glace lorsque le premier navire accoste à Grosse Île pour y subir la quarantaine. Sur les 241 passagers du « Syria», 202 passagers sont malades; 65 doivent être débarqués pour isolation. La petite Ellen Keane, quatre ans, trois mois, est admise à la quarantaine le 15 et meurt de fièvres la même journée. C’est la première victime.
Des familles sont désunies, des enfants se retrouvent seuls sur Grosse Île pendant que leurs parents sont autorisés à continuer sur Québec ou Montréal. La moitié des lits de Grosse Île sont déjà occupés et ce n’est que le premier bateau. (…)
Le cimetière des Irlandais
Quelques jours après, huit bateaux arrivent, avec 430 malades à bord. C’est la panique. Manque de personnel, plus un lit de disponible à l’hôpital, pas de médicaments. D’ailleurs on ne sait pas comment soigner le typhus. On connaît seulement le rôle qu’y jouent la saleté et la famine. Les malades sont logés dans des tentes, le long de la grève, un peu partout. L’eau potable commence à manquer car les abords de Grosse Île sont souillés par les déchets des bateaux qui attendent, ainsi que par la paille infectée et les cadavres jetés par-dessus bord.