Le blogue de Mathieu Bock-Côté
La francisation ne suffira pas
il y a désormais plus d’allophones que de francophones dans les écoles de Montréal.
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Peut-on faire quelque chose? Évidemment, il faudra tôt ou tard réajuster les seuils d’immigration. Entre l’étanchéisation absolue des frontières et leur neutralisation, voire leur abolition, il peut et doit y avoir un équilibre politique, qui doit d’abord tenir compte des capacités historiques, économiques, sociales et culturelles de la société d’accueil. Le Québec, depuis quelques années, manque de prudence et de peur d’avoir mauvaise réputation, a misé sur une hausse systématique des seuils d’immigration, jusqu’à devenir une des nations dans le monde qui accueille, toutes proportions gardées, le plus d’immigrants. Avons-nous les assises identitaires et historiques suffisamment solides pour cela? N’est-il pas temps de changer de cap?
Pour l’instant, l’école demeure le seul instrument dont nous disposions pour s’assurer de la prédominance de la culture québécoise au Québec. Mais l’école change de rôle : elle ne transmet plus seulement à un peuple sa culture. Elle introduit les nouveaux arrivants à ce peuple. Elle ne doit pas seulement cultiver un sentiment d’appartenance au Québec, mais bien souvent, l’inculquer. On devine le bouleversement pédagogique que cela implique.
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Il faudra que les jeunes allophones s’approprient pleinement la référence nationale. Ils devront reconnaître en Jacques Cartier, en Samuel de Champlain, en Louis-Joseph Papineau, en Honoré Mercier, en Lionel Groulx et René Lévesque leurs propres ancêtres. Je veux dire par là qu’ils devront apprendre à dire Nous avec la société d’accueil, avec la majorité historique francophone. On comprend l’immensité de la tâche. On devine l’ampleur des moyens nécessaires pour la mener à terme et le courage politique qu’elle exigera. Je m’interdis de croire qu’elle est impossible ou que le pari est intenable.