Bordeaux – L’histoire d’une prison
Bossé, Sébastien/ Bouchard, Chantal
Éditions au Carré
Présentation de l’éditeur
L’histoire de Bordeaux, c’est celle de la justice avant que l’incarcération (trop chère) ne devienne un châtiment, d’une architecture spectaculaire dont la réalisation provoquera de virulentes critiques chez les contribuables (un vrai palais !), et qui finira par coûter trois fois plus que prévu. C’est aussi l’histoire de ses pensionnaires les plus célèbres, de ses bourreaux, ces fameux exécuteurs des hautes oeuvres, de ses évasions spectaculaires et de ses émeutes. Elle décrit aussi l’évolution de l’approche carcérale, l’arrivée du personnel féminin, même la consécration d’un saint patron au sein de l’institution, «canonisé» après être monté sur l’échafaud. Bref, tout ce qui a fait que Bordeaux est aujourd’hui du haut de ses cent ans la Grande Dame des prisons du Québec.
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Critiques
Bordeaux: l’histoire d’une prison et d’une société
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Le Kiosque a publié
Extrait
Howard croyait fermement que les prisonniers devaient être isolés et occupés afin qu’ils se repentent. Les Américains, indépendants depuis peu, se demandaient comment séquestrer des hommes dangereux de façon humanitaire et sécuritaire, tout en les gardant à l’abri de la corruption et de la « contamination » morale.
Les méthodes sécuritaires efficaces – chaînes, boulets – étaient considérées comme cruelles ; il fallait trouver autre chose. C’est en Pennsylvanie, le pays des Quakers, qu’on trouva une solution : l’isolation complète du détenu afin qu’il fasse pénitence.
Ce fut la naissance des pénitenciers. Dans certains d’entre eux, l’isolation était complète. Le prisonnier, portant un numéro sur son uniforme, vivait et s’occupait d’artisanat dans sa cellule, et n’avait de contacts avec personne. Dans d’autres pénitenciers, les détenus travaillaient ensemble, mais en silence.
Dans les deux cas, la discipline était stricte, le travail obligatoire et la cellule individuelle. Les détenus mangeaient et dormaient seuls. Il n’y avait que les gardes, l’aumônier et les représentants des sociétés bénévoles qui pouvaient leur adresser la parole.
En conséquence on construisit des pénitenciers sur le modèle de la roue, avec un noyau central commun d’où partaient des rayons de cellules. Comparés au système des cachots surpeuplés, l’incarcération était en effet un progrès et, à l’époque, on était fier de ces institutions massives et muettes qui devinrent le modèle standard en Occident. On devait retrouver la même philosophie et la même architecture aussi bien en Europe qu’au Canada, particulièrement à Kingston, Bordeaux et Saint-Vincent-de-Paul. Les premiers à prendre conscience des lacunes de ce système furent les descendants spirituels de John Howard et Elizabeth Fry.