Quand le Canada utilisait la famine pour se débarrasser des Indiens.
James Daschuk, The Globe and Mail
Rather than feed the hungry among its wards (even adult “Registered Indians” were not full citizens until 1960), government-employed physicians used pangs of hunger to further their research into malnutrition.
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Despite guarantees of food aid in times of famine in Treaty No. 6, Canadian officials used food, or rather denied food, as a means to ethnically cleanse a vast region from Regina to the Alberta border as the Canadian Pacific Railway took shape.
For years, government officials withheld food from aboriginal people until they moved to their appointed reserves, forcing them to trade freedom for rations. Once on reserves, food placed in ration houses was withheld for so long that much of it rotted while the people it was intended to feed fell into a decades-long cycle of malnutrition, suppressed immunity and sickness from tuberculosis and other diseases. Thousands died.
Sir John A. Macdonald, acting as both prime minister and minister of Indian affairs during the darkest days of the famine, even boasted that the indigenous population was kept on the “verge of actual starvation,” in an attempt to deflect criticism that he was squandering public funds.
Blackfoot Camp, undated. ‘a decades-long cycle of malnutrition, suppressed immunity and sickness.’
(University of Toronto/Thomas Fisher Rare Book Library)
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Le Kiosque a publié
Les années 1880 verront la plus grave crise entre le Canada et les autochtones: la rébellion des Indiens et des Métis. Au fur et à mesure de son avance dans l’Ouest, le Canada signe des traités avec les Indiens. Ces traités portent des numéros selon les tribus: le traité n° 1 avec les Cris et les Ojibways au sujet du territoire du sud du Manitoba; le traité n° 6 avec les Assiniboines et les Cris; le traité n° 7 avec les Pieds-Noirs, etc. Ces ententes, par lesquelles les Indiens deviennent les « enfants de la Reine», Victoria, sont signées en grande pompe avec les Tuniques rouges — la Police Montée — on fait la fête, on fume le calumet de paix au son de la fanfare militaire… Les Indiens ont confiance dans la Police Montée: arrivée dans l’Ouest en 1873, elle s’est gagné leur amitié en les débarrassant des trafiquants de tous genres, Américains le plus souvent, qui hantaient les Plaines et étaient la cause de fréquentes escarmouches entre Blancs et Indiens, et parfois entre les Indiens eux-mêmes.
La Police Montée suit cependant de près les nombreux chefs qui, refusant de vendre la terre de leurs ancêtres, n’ont pas encore signé de traité. Certains, comme Big Bear, ont une grande influence et on s’en méfie; le climat est incertain, car plusieurs signataires refusent de demeurer à l’intérieur des limites des réserves. Rapidement, la situation devient explosive: les colons sont de plus en plus nombreux et les Indiens ne peuvent plus continuer à chasser le bison partout sur le territoire, comme avant. D’ailleurs, le bison est de plus en plus rare. En 1880, les derniers disparaissent, fauchés par les carabines à répétition de l’armée américaine qui est décidée à en finir une fois pour toutes avec les Indiens des Etats-Unis.
Sauf quelques chiens des Prairies, les Plaines offrent peu de gibier et les Indiens ont faim. On ne fait pas d’un chasseur un fermier accompli en quelques jours, d’autant plus que l’agriculture s’oppose à l’éthique des Indiens des Plaines: « Vous me demandez de labourer la terre. Dois-je prendre un couteau et labourer le sein de ma mère? Mais, quand je mourrai, qui me prendra dans son sein pour me reposer ? »
C’est pourtant le plan que le fédéral a l’intention d’imposer. Les Indiens vont devenir agriculteurs, comme de nombreux immigrants européens que le chemin de fer déverse dans l’Ouest, dans leurs anciens territoires. Si certains chefs, comme Big Bear et Poundmaker refusent toujours de vivre sur la réserve, les autres Indiens, qui y sont retournés, constatent que les rations alimentaires promises arrivent au compte-goutte. Affamés, les Indiens volent la nourriture là où elle se trouve, chez les fermiers blancs. Le problème devient aigu quand, en 1880, le gouvernement central coupe le budget des rations alimentaires distribuées aux Indiens. Un fonctionnaire envoyé dans l’Ouest pour évaluer l’effet de telles mesures avait conclu, pour sa part, que les coupures ne poseraient aucun problème. La Police Montée essaie de maintenir l’ordre mais, se rendant bien compte que l’Ouest devient un baril de poudre, elle se joint aux agents du ministère et aux missionnaires pour essayer d’éveiller l’attention d’Ottawa. Les journalistes locaux vont jusqu’à évoquer le spectre d’un soulèvement possible; Ottawa fait la sourde oreille et les coupures sont maintenues.
Pendant que les colons qui ne cessent d’arriver fondent de nouveaux villages (Prince-Albert, Calgary, Edmonton, Saskatoon), la famine s’aggrave. Si les Indiens peuvent comprendre que la disparition du bison et leur prospérité perdue sont inéluctables, ils ne peuvent accepter de mourir de faim parce que des politiciens, qui ont le ventre plein, dérogent à leurs engagements. C’est alors qu’ils apprennent le retour de Louis Riel, rappelé des Etats-Unis par les Métis, dont la situation est aussi précaire.