Lu: Jean Paul Desbiens, Les années novembre, Éditions logiques, P. 187-188
« Hier matin, vers 9h30, panne d’électricité. Quelques minutes après le début de la panne, une cinquantaine d’élèves du campus Notre-Dame-de-Foy se retrouvent devant le bureau du directeur général; ils voulaient que le directeur ferme l’école. Le même jour, une élève dit à un professeur:” Je ne peux pas préparer votre examen: je travaille trente heures par semaine.” Le même jour, le directeur d’une école voisine ( du niveau collégial) ferme l’école pour la journée, à cause de la panne d’électricité et pour des raisons d’assurances.
Le trait commun entre ces petits faits vrais, c’est le suivant : l’école n’est pas importante. L’école n’importe pas. L’école passe après n’importe quel prétexte, n’importe quel caprice. Tous les discours politiciens, tous les discours des coeurs saignants contre le phénomène du décrochage scolaire ne signifient rien. Ou plutôt, ils signifient que les jeunes ont très bien compris que l’école ne signifie plus rien. L’école n’est plus sacrée. L’école facile, à tous égards, c’est l’école que l’on quitte (ou que l’on ferme) pour un oui ou pour un non. Pour trois flocons de neige appréhendée; pour une panne d’électricité; pour les trente sous de la troisième décimale de la clause 3247, de la section B de la convention collective. »