Françoise Dolto, la déraison pure
La pensée de Françoise Dolto occupe une place exceptionnelle dans la conception de l’éducation et de la pédopsychiatrie en France. Ses nombreux élèves, ses abondantes publications et ses émissions de radio en ont fait une vedette dont l’aura a dépassé les frontières de l’Hexagone.
Les conceptions de Dolto en matière d’éducation sont souvent déraisonnables. Une bonne partie de ses idées se résument à ceci : les mères sont coupables des troubles des enfants, les pères sont forcément « castrants », les interdictions parentales inhibent la quête de soi, l’égocentrisme de l’enfant est le symptôme de souffrances refoulées, l’éducation parentale et l’autonomie de l’enfant sont antinomiques. Échantillon : « Les parents n’ont aucun droit sur leurs enfants. À leur égard, ils n’ont que des devoirs, alors que leurs enfants n’ont vis-à-vis d’eux que des droits jusqu’à leur majorité1 ».
L’autobiographie de son fils Carlos révèle que l’éducation effective chez les Dolto était en décalage avec les principes enseignés par la mère : « Quand les choses allaient trop loin, mon père sévissait. Était-ce en raison de ses origines slaves, toujours est-il qu’il cognait dur. Quand il levait la main, nous recevions de sacrées trempes. Nous appelions cela des “ratatouilles”, je ne lui en ai pour autant jamais voulu. Il réagissait d’une autre façon que ma mère. Il n’interdisait pas, laissait libre mais, quand on avait dépassé les bornes, il nous fallait assumer nos responsabilités2 ».