Une vie au cégep #21 – Un cerveau dans la colle : les avantages
Vous vous souvenez du bon prof dont je parlais il y a quelques semaines, qui n’arrivait pas à garder la classe calme malgré son grand professionnalisme ? Oubliez ce que j’ai dit. Ce n’est pas parce qu’on prend un air sérieux qu’on fait bien son travail. C’est ma découverte de la semaine.
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Cette journée-là, je me sentais stupide, comme si j’avais respiré de la colle. Tout me semblait vraiment drôle et me passait très haut au-dessus de la tête. Paradoxalement, cet état me donnait une nouvelle énergie. Je pouvais voir à travers le filtre du stress scolaire.
Tout d’abord, je me rends compte que la matière est ennuyante. Je n’y connais rien, mais tout ce que le prof récite est d’une simplicité aberrante, et il retranscrit tout ses mots tels quels au tableau. Écouter et prendre des notes, c’est une redondance.
Je me sens alors non seulement stupide, mais rebelle. Je me mets à jaser avec ma copine, j’oublie d’écouter, j’omets de prendre des notes. Je décide alors, tant qu’à niaiser, de prendre ma pause tout de suite. J’apporte mon cellulaire, j’ai des appels à faire, et je sors tranquillement de la classe. Je ne suis d’ailleurs pas le seul, un autre gars est parti remplir sa tasse de café.
Quinze minutes plus tard, je reviens m’asseoir, juste à temps pour la pause officielle, à la moitié du cours qui doit durer trois heures. Le professeur avait distribué un texte de deux pages à lire, avec deux ou trois questions auxquelles on doit répondre. Ce sera notre activité de la deuxième partie du cours. Comme j’ai déjà pris ma pause et que j’ai hâte de m’en aller, je le fais tout de suite avec ma copine. On lit d’abord les questions, puis le texte, toujours avec mon cerveau bouilli.
Au bout de deux lignes très divertissantes, je me rends compte sans très grande surprise que les questions n’ont pas de rapport avec le texte. Ce sont des questions plus philosophiques qu’autre chose (typiquement sciences humaines), où nous sommes invités à donner notre opinion sur des sujets dont nous ne connaissons rien, et que les textes ne nous aideront pas à éclairer.
Ma copine demande au professeur, qui a la tête d’un gars qui a très hâte de retourner chez lui regarder la télé, si on peut mettre nos deux noms sur la même copie. Ah non, c’est pousser trop loin. On peut écrire exactement la même chose si on veut, mais sur deux feuilles différentes.
Je décide alors de m’amuser. Je sors de beaux mots, je fais des longues phrases, je démontre mes belles convictions progressistes. Cette technique n’a jamais failli jusqu’à présent, alors j’en abuse : je n’ai jamais eu moins que 100% dans ce cours. Je laisse ma copine copier, pendant qu’elle me passe les notes de la partie du cours que j’ai fuie. Avant que la pause soit terminée, j’ai fini mon travail de la journée.
Ça en devient banal. Un jour, vous verrez, je me plaindrai que je n’aurai pas eu ma période libre quotidienne.
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