Un diable d’homme, Yves Michaud
Jacques Lanctôt
Montréal, VLB éditeur, 2013, 285 p.
Une critique de Jean-François Barbe sur le blogue de la BAnQ.
Extrait:
Créé en février 1974, le quotidien indépendantiste Le Jour ferme ses portes en août 1976. S’il avait tenu le coup jusqu’au 15 novembre, date de l’élection du premier gouvernement du Parti Québécois, sa pérennité aurait peut-être été assurée grâce aux publicités gouvernementales qu’il aurait alors reçues. Et le Québec aurait enfin cette voix médiatique, toujours absente, pour représenter les aspirations et défendre les intérêts de presque la moitié de la population, désireuse de gérer ses affaires et d’avoir un pays normal.
Jacques Lanctôt avance cette hypothèse dans le cadre d’une biographie d’Yves Michaud, l’homme qui a piloté ce brillant ovni politique qu’a été Le Jour. Cette «aventure extraordinaire» comme la qualifie Lanctôt, a pris fin pour deux raisons : les difficultés financières – en dépit d’un tirage comparable au Devoir, le journal est alors boycotté par les grands annonceurs privés et par les organismes publics, au point de ne pouvoir publier d’avis juridiques – mais surtout, par le noyautage politique. Lanctôt expose l’effet dévastateur de l’action d’un groupe qui avait infiltré le journal afin de démontrer – oh, vérité suprême – que le Parti Québécois n’était qu’un «parti bourgeois». Car, rappelons-le, en 1976, les groupes marxistes-léninistes sévissent et mobilisent toutes leurs énergies contre le mouvement indépendantiste.