Max Weinreich
Les belles lettres

(Disponible à la Bibliothèque de Ville Mont-Royal)

Max Weinreich a examiné des milliers de documents dès les premières victoires des Alliés. L’Europe est en ruine, et nul ne peut encore mesurer l’étendue et les conséquences de la destruction du monde juif européen quand Weinreich expose la faillite morale de ceux qui auraient dû être les gardiens de l’humanisme et de la raison et en ont été les liquidateurs. «La science allemande a fourni les idées et les techniques qui ont conduit à un massacre sans précédent et l’ont légitimé», non seulement à partir de la prise du pouvoir de Hitler, mais dès les années 20, par la manipulation idéologique des discours érudits des différentes disciplines.

Acte d’accusation mais aussi oeuvre rigoureuse, ce livre écrit dès 1945 explore l’océan bibliographique de la science raciale nazie, élaborée par des sommités universitaires dans une multitude de publications à prétention scientifique. Aucune discipline ne manque ici : anthropologie physique et culturelle, philosophie, histoire, droit, économie, géographie, démographie, théologie, linguistique, médecine, biologie, physique.
Anticipant en cela les travaux d’historiens ultérieurs, Max Weinreich révèle aussi à quel point l’objectif suprême de la «solution de la question juive» a toujours été placé par les dirigeants nazis et leurs factions au-dessus des luttes pour le pouvoir qui les divisaient. Pionnier de la recherche sur le rôle des élites intellectuelles allemandes dans la construction des théories raciales, le livre de Weinreich est également resté indépassé par l’ampleur de la documentation examinée. Certaines de ses conclusions ont été présentées et utilisées lors des procès de Nuremberg.

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Critique de Cliothèque