Quand l’école rend malade
Le jour où je n’ai pas pu aller à l’école
Anne-Marie Rocco, Justine Touchard
Flammarion, 324 p.
Certains élèves n’ont pas le choix de décrocher : leur corps l’exige. Maux de ventre, anorexie, stress, insomnie, sentiment d’étouffement… Aller à l’école les rend malades : c’est la phobie scolaire. En France, 116 000 élèves en souffrent chaque année. Au Japon, ils sont 1 million.
Le jour où je n’ai pas pu aller au collège est un récit à deux voix raconté par Justine Touchard, 15 ans, et sa mère, Anne-Marie Rocco. Depuis plusieurs années, la très sensible Justine sentait un étau l’enserrer sous la pression de l’école française, au milieu des professeurs incompétents et de la foule des élèves de sa classe. « Et un jour, ça a bel et bien cassé. » Elle n’a pas réussi à se lever de son lit. Sa mère a vu le monde basculer. « Nous sommes restés groggy, incapables de réagir, et sans personne pour nous porter secours. » Peut-on s’en sortir lorsque le seul système d’éducation connu nous tue à petit feu ? Sans diplôme, est-on condamné à la pauvreté et au rejet ?
On voit pourtant que Justine est intelligente : elle s’exprime à la perfection, et se démène tout autant que sa mère pour trouver un moyen de s’éduquer sans y laisser sa peau. Elle aime apprendre et veut mener une vie intéressante. Tout comme le reste des élèves qu’elle croise et qui ont la même maladie qu’elle. « Sans exception, ce sont des enfants normalement intelligents, qui ont envie de réussir, et dont les parents ne sont pas démissionnaires. » Donc, le problème n’est pas chez l’élève. Or, s’il n’est pas là, où est-il ?
Justine le sait. Un chapitre complet énumère les améliorations qu’elle aimerait apporter à l’école. « Dans mon école idéale, la personnalité de l’élève serait prise en compte. […] J’ai toujours connu des professeurs en retard sur leur programme. […] La notation est, pour moi, le principal défaut de l’enseignement. […] Il faudrait qu’un ou une psychologue puissent être là tous les jours pour recevoir les élèves. » Elle sait que l’école traditionnelle, la seule qu’elle connaît, ne lui permettra pas de s’épanouir.
À tour de rôle, mère et fille racontent donc leur combat pour guérir et trouver une méthode alternative, dans un labyrinthe administratif digne de la maison des fous d’Astérix. Elles essaient tout : l’éducation par correspondance, l’aide d’un tuteur, des écoles spécialisées… Aucune ne convient. La solution existe peut-être, mais il faut savoir la dénicher, et sans aide.
Elles ont fini par trouver une solution, après près de deux ans de retrait : un lycée « de poche », qui n’accueille pas plus de 450 élèves. Justine a eu de la chance. Qu’en est-il des 115 999 autres ?
Par Naïma Hassert