Notre argent dans le train de la mort
Yves Boisvert
La Presse
En 2003, la Caisse de dépôt et placement du Québec a investi 7 millions dans une obscure société ferroviaire américaine de taille modeste, la Montreal Maine&Atlantic. La caisse a acquis ainsi 12,7% des actions. Elle lui a en outre prêté 7,7 millions, qu’elle a récupérés quelques années plus tard.
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MMA avait un conseil d’administration, où siégeait un ancien gestionnaire du CN, nommé par la Caisse.
La question qui se pose: devant une valeur à peu près nulle, le conseil a-t-il fermé les yeux sur l’absence complète de «culture de la sécurité» un peu sérieuse, comme le constate le rapport du Bureau de la sécurité des transports?
On comprend bien que ce ne sont pas les gens de la Caisse qui installent les freins et vérifient la marchandise. Mais tout de même, avant d’en arriver à ce degré de décrépitude, MMA a dû faire avaliser deux ou trois «orientations» par son C.A., non?
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Le porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon, insiste: des 18 facteurs ayant causé la tragédie y ayant contribué, la plupart sont «opérationnels»: le nombre de freins, la façon dont ils ont été installés, l’incendie de la locomotive, l’absence de surveillance, etc.
La liste fait pourtant état de la «faible culture de sécurité». En bon français, cela veut dire que MMA a grossièrement négligé la sécurité pour diminuer ses coûts. Le rapport l’établit clairement.
Impossible hier de parler à M. Yves Bourdon, membre du C.A. nommé par la Caisse. Quelles informations a-t-il obtenues? Que savait-il vraiment? Quelle sorte de surveillance a-t-il pu exercer?
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La Caisse a rapidement exposé sa participation, après la tragédie. Elle a aussi envoyé des équipes d’immobilier pour aider Lac-Mégantic. N’empêche: de la Caisse, on attend qu’elle ne s’associe pas trop avec des vendeurs de chars d’occasion, qui laissent leur matériel s’écrouler et qui sont les plus surpris du monde quand ils créent une catastrophe.
On a fait tomber les foudres de la justice sur les fautifs «opérationnels». Ils ne sont peut-être pas irréprochables. Ils sont surtout au bout visible de la lourde chaîne de responsabilités. Responsabilités assez bien détaillées dans le rapport du BST.
Faut-il retirer les accusations contre le mécanicien Thomas Harding et ses deux collègues, comme le réclamait hier la FTQ?
Il faut à tout le moins demander d’autres explications à ceux, anonymes, qui devaient surveiller et qui ne sont nulle part aujourd’hui.