La détresse des profs
« Ils sont placés devant des situations inacceptables », dénonce une chercheuse.
«Ça fait vingt ans que ces situations sont connues au Québec, qu’elles causent d’importants dommages et que rien ne bouge. Pire, on en rajoute», s’indigne la chercheuse au Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail (CRIEVAT).
Le minutage tue le plaisir d’enseigner
Au Québec, de 1999 à 2009, le nombre d’élèves handicapés en difficultés d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) est passé de 13 % à 18 %. Ils sont aussi plus nombreux à être intégrés dans les classes ordinaires, passant de 56 % à 65 %. Pour le personnel enseignant, c’est beaucoup trop lourd, croit la chercheuse. «On leur demande, en plus, de rédiger systématiquement des rapports sur ces élèves-là. Leur organisation du travail est minutée. L’un d’eux nous a dit: le minutage tue l’élan, le plaisir, le goût d’enseigner.»
Tous ont également fait état de la violence et du manque de respect à leur égard. Des situations qui ébranlent et qui ne sont pas uniquement provoquées par des élèves.
Le désarroi des enseignants en chiffres
20% à 30% présentent un niveau élevé de détresse psychologique, contre 18% chez les autres travailleurs québécois
19% qualifient leur santé mentale de moyenne à médiocre, contre 8% chez les autres travailleurs québécois
35% se déclarent trop épuisés pour participer à une vie de famille.
16% vivent «assez» ou «très» souvent de l’anxiété.
60% disent ressentir des symptômes d’épuisement professionnel au moins une fois par mois et 20% une fois par semaine.
46% du personnel enseignant et 29% du personnel professionnel ne disposent pas d’un statut «permanent».