Les Musulmans doivent-ils dénoncer les djihadistes ?

dans le Journal de Montréal

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On ne saura le dire assez souvent, l’immense majorité des Musulmans qui vivent parmi nous sont des gens paisibles, dont plusieurs ont fui la terreur religieuse, qui veulent ce que vous et moi voulons, c’est à dire un emploi, une famille, des amis, la stabilité, le respect.

Mais il y a des exceptions à ma retenue.

Leaders communautaires et porte-paroles autoproclamés

La semaine dernière, Adil Charkaoui, un leader communautaire auto-déclaré et porte-parole du Collectif québécois contre l’islamophobie  m’a accusée, sur Twitter, d’avoir traité le Prophète de terroriste dans un de mes textes sur l’ÉI, à cause de l’intertitre «Comme au temps de Mahomet», c’est-à-dire au 7e siècle.

Dans certains pays, une telle accusation me ferait perdre la tête.

Après lui avoir répondu poliment, j’ai lui demandé en retour son opinion sur le groupe l’État islamique, le sujet du blogue en question. À 18 reprises. Pour toute réponse, j’ai reçu une vidéo sur l’Algérie au temps des Français, un texte sur Gaza au temps des bombes israéliennes, un blogue sur la folie pour les Musulmans d’avoir à se désolidariser de l’ÉI («On ne demande pas aux porteurs de sandales de se désolidariser des Crocs…») mais sans obtenir une poussière de neutrino de molécule d’une réponse à ma question.

Le jour où nous apprenions que le Canada était désormais visé par le groupe État islamique, j’ai lui ai demandé de commenter ces menaces contre le pays qui vient de lui accorder la citoyenneté. Silence.

Si Adil Charkaoui ne s’affichait pas comme leader communautaire – en plus du Collectif québécois contre l’islamophobie, du Centre islamique de l’Est de Montréal et du Conseil musulman de Montréal,  il est aussi lié à un groupe appelé La communauté musulmane du Québec – je n’en aurais rien à cirer de son opinion. Mais c’est quelqu’un qui s’est attribué un rôle de représentation. Lui et les organismes auxquels il est lié ont voulu fédérer les Musulmans contre la charte. Ils ont milité pour l’implantation de tribunaux familiaux islamiques. Lancé une pétition contre la candidature et l’élection de Djemila Benhabib lors des dernières élections provinciales. Organisé les manifestations pour Gaza à Montréal.

Ils sont très actifs sur les réseaux sociaux.

Je me tartine qu’il dénonce l’ÉI ou pas. C’est son opinion que je veux connaître. Je crois qu’il est normal, et juste, que des journalistes s’intéressent à son point de vue sur le groupe l’État islamique. Cela me permettrait de jauger sa légitimité en tant que porte-parole musulman auto-déclaré… même si j’ai ma petite idée.

Mes amis musulmans aimeraient aussi sans doute le savoir. Peut-être plus que moi, car il affirme parler en leur nom. Il semble savoir ce qu’est le vrai islam.

NOTE : Le 7 septembre, le Conseil des imams du Québec s’est prononcé contre le mouvement État islamique de manière claire et concise. Par contre, le Conseil musulman de Montréal, un organisme rival dirigé par l’imam Salam Elmenyawi, proche d’Adil Charkaoui, est resté muet sur la question.