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Gurvan Kristanadjaja

Rue 89

Désormais, sur Facebook, je m’appelle Ayoub. Je suis franco-marocain, j’ai 20 ans, j’habite Paris et je suis fan du PSG. J’ai trouvé une photo de profil d’un homme de loin, peu reconnaissable.

Je veux vérifier une intuition : peut-on vraiment entrer en contact avec des djihadistes sur Facebook ? Depuis plusieurs semaines, les médias alimentent volontiers l’idée que le recrutement se fait sur les réseaux sociaux. Je veux m’en assurer.

(….)

A ce stade, un constat s’impose : en deux jours, Facebook s’est transformé, pour mon profil tout au moins, en un réseau social pro-djihadiste. Moi qui me demandais si j’allais parvenir à contacter des soldats en Syrie, il semblerait que je n’ai rien à faire : j’ai l’impression que Facebook les a trouvés pour moi.

(…)

La plateforme de Mark Zuckerberg n’a aucun outil qui lui permette de distinguer avec certitude les personnes qui appellent au djihad de celles qui affichent simplement un soutien à l’Etat islamique autoproclamé. Et Facebook se retrouve dans une situation complexe et paradoxale : ce qui fait sa réussite – à savoir le fait de créer et d’entretenir des communauté d’intérêts –, est aussi ce qui en fait le meilleur outil de la propagande djihadiste. Le réseau est pris au piège de son algorithme. Au risque d’exercer une censure trop importante, peu constructive et injuste, sa marge de manœuvre est faible.

L’Union européenne a bien conscience du problème, puisqu’elle a demandé début octobre aux géants américains du Net de prendre des mesures efficaces pour lutter contre la propagande de Daesh sur Internet, mais que peut Facebook ? Changer son algorithme, c’est perdre son essence.