Vortex: les médias nous mentent-ils ?
Marie-Claude Ducas
Vortex : une critique détaillée des journalistes et des médias…. Serez-vous d’accord ?
« Une partie de l’information que nous livre la presse est fausse. Ou recueillie, mise en forme et présentée de manière à manipuler le public, ce qui revient au même. (…) La vaste majorité des journalistes font de leur mieux pour rendre compte honnêtement de événements. Mais ils sont englués dans un système qui tolère, voire cultive et met en vedette l’information fausse, le spectacle et le commentaire. » Voilà un extrait du texte qu’on retrouve en quatrième de couverture du livre Vortex: la vérité dans le tourbillon de l’information (Québec-Amérique), qui a été lancé cette semaine.
Je ne sais si on va me faire reprocher ici de faire du commentaire, du spectacle, ou même de véhiculer de l’information fausse, mais je vais risquer une prédiction : son auteur, Michel Lemay, ne va pas se faire beaucoup d’amis chez les journalistes. Et encore moins chez leurs patrons.
Moi-même, je dois dire que le propos de ce livre m’a prodigieusement énervée, à plein d’égards, et pour diverses raisons.
Et pourtant…
Tout d’abord, pour quiconque s’intéresse aux questions liées aux médias et aux journalistes, il faudra prendre le temps de lire ce livre avec toute la rigueur et l’attention qu’il mérite. Michel Lemay souligne qu’il appuie son propos sur une recherche entreprise il y a plus de 10 ans. On le croit aisément. On retrouve, dans Vortex, un tour d’horizon fouillé, documenté et étayé, d’une foule d’épisodes marquants en matière de journalisme, et entre autres d’enquêtes journalistiques: le fameux Watergate, oui, mais aussi d’autres, comme les enquêtes de Ida Tarbell, cette journaliste américaine qui, au tout début du 20ième siècle, va talonner les Rockfeller, et révéler à leur sujet quantités de faits dont ils auraient à coup sûr préféré qu’ils demeurent dans l’ombre.
Les journalistes: un manque d’autocritique
Dans Vortex, Lemay décortique et analyse diverses histoires qui ont fait les manchettes, et dont on se souviendra aisément: l’histoire du vol 236 d’Air Transat, par exemple, et le fameux atterrissage du commandant Piché aux Açores; ou encore l’histoire du YMCA sur l’avenue du Parc à Montréal, qui a mené au débat sur les « accommodements raisonnables ». Dans ces cas, et dans beaucoup d’autres, Lemay relève les nombreuses dérives, qui ont mené à des déformations de la vérité. Déformations dont les conséquences peuvent être graves, et entacher, parfois à jamais, la réputation de quelqu’un. »On est tous de la chair à canon médiatique au nom d’une bonne histoire », soulignait Michel Lemay lors du lancement du livre, mercredi dernier. Les titres – et sous-titres – de chapitres donnent une bonne idée du propos, et du ton du livre: « Le syndrome de Jeanne d’Arc: Journalistes. Ou agitateurs? »; « Le journalisme d’enquête. De l’investigation à l’affabulation »; « La ronde de l’information: Journalisme, commerce, et manipulation »… (suite ici)