Djemila et Maria
Abdarahmane Sakho, membre de Présence musulmane, dresse le portrait de Djemila Benhabib et de Maria Mourani. Celui de Djémila commence ainsi: “Djemila, elle, a opté pour une autre voie : celle de la calomnie, du mensonge et de la facilité. Au lieu de jouer le rôle de pont, elle a choisi celui du fossé. C’est l’Arabe préférée d’une certaine élite politico-médiatique, mis à part le maire de Saguenay.” Ci-dessous, celui de Maria Mourani.
Maria Mourani
D’origine libanaise, elle a fait le choix de l’ancrage local en se présentant aux élections qu’elle a gagnées à deux reprises. Elle joue le rôle de pont en ce sens qu’elle parvient à faire passer beaucoup de Québécois issus des communautés culturelles de la rive du repli communautaire à celle de l’ouverture sur la société d’accueil.
Elle transcende son particularisme (femme, chrétienne, arabe) pour aller vers l’Autre. Venant d’un pays où parfois les Chrétiens sont victimes de l’intolérance d’une petite minorité zélée musulmane, elle n’est pas habitée par la haine du musulman. Bien au contraire, elle parvient même à gagner leur estime et leur respect. Elle est dans le dialogue et la construction des liens. Venant d’un pays déchiré par un conflit confessionnel, la tentation ne peut être que grande de diaboliser l’Autre, le musulman du coin et de déclarer avoir une «vie à contre Coran ». Elle a donc réussi à ne pas transposer un problème d’ailleurs au Canada. Autrement dit, elle ne se sert pas de la douleur des autres pour une ascension sociale. Elle a une conscience profonde du rôle qui est le sien : être le porte-parole de ses électeurs tout en gardant son autonomie, sa liberté et sa dignité.
Ambitieuse, elle l’est certainement. Sa compétence n’est remise en cause par personne. Elle s’est imposée dans le débat public grâce à ses idées et à sa connaissance des dossiers dont elle a la charge au Parlement. Elle a la réputation de ne pas être docile ou un mouton de panurge, ce qui est loin d’être un défaut. Sa philosophie est de tendre au-delà de la logique communautaire, ce qui est aussi tout à son honneur. Ses prises de parole sont pertinentes et reflètent une grande connaissance des enjeux de notre société et un grand sens de la responsabilité politique.
Finalement, c’est une Québécoise d’origine libanaise qui vient avec ses valeurs, son humanisme et qui participe pleinement à bâtir son pays d’accueil avec toutes ses composantes. Sans se renier, sans dire ce que les gens ont envie d’entendre, elle participe à cette grande aventure collective avec conviction et confiance.