Agatha Christie, enfant (Wikimedia Commons/CC)
Agatha Christie, enfant (Wikimedia Commons/CC)

Lettre ouverte d’Agatha Christie aux lecteurs du Club des masques, datée de mars 1932. Elle y raconte sa conversion au métier d’écrivain, presque par hasard, et la liberté qu’il lui procure.

« Dans mon enfance, j’étais poète. Je lisais beaucoup de romans policiers, mais je n’avais pas du tout l’idée d’en écrire. Mes auteurs favoris étaient Conan Doyle et Gaboriau. Les aventures de Sherlock Holmes et de M.Lecoq m’enthousiasmaient, mais mon amour pour la musique dominait ma vie et j’étais bien loin de me douter que je me lancerai un jour dans la littérature.

A l’âge de 13 ans, je vins à Paris pour perfectionner mes études de piano et de chant. La vie de cette ville m’enchantait. Je parlais bien le français, mais j’éprouvais de très grandes difficultés à l’écrire. L’orthographe était ma bête noire. Je dois avouer qu’elle l’est encore.

Mon rêve était de chanter à l’Opéra, mais ma voix était trop grêle pour une si vaste salle, et du reste je n’ai jamais pu vaincre une timidité nerveuse qui m’ôtait tous mes moyens dès que je paraissais en public. Je n’insistai pas.

Je me mis alors à écrire des histoires très tristes sur les malheureux, et des histoires de fantômes. Mes amis m’encourageaient, me prédisant une belle carrière littéraire, mais évidemment je ne vendais pas un seul de mes contes.