RobisonArrest-1.jpgNational Post

Biker gangs and Mexican drug traffickers the new face of organized crime in Alberta: RCMP commander

 

Journal de Montréal

Des caïds québécois de mèche avec les cartels mexicains (2013)

Des enquêtes menées par les policiers américains démontrent que les dangereux cartels de drogue mexicains comptent plusieurs bons clients au sein du crime organisé à Montréal.

(…) Dans nos enquêtes récentes, on voit de plus en plus d’organisations canadiennes qui vont transiger directement avec les cartels de drogue du Mexique, dont la puissance continue malheureusement de s’étendre sur le continent», a expliqué le procureur en chef de la section des enquêtes antidrogue internationales dans le district Est de l’État de New York.

Le «modèle d’affaires» du caïd Jimmy «Cosmo» Cournoyer risque de faire des petits, a laissé entendre Me Tiscione.

L’organisation de Cournoyer a exporté pour 1 milliard $ de marijuana «made in Canada» sur la côte Est américaine en 10 ans, par la réserve amérindienne d’Akwesasne, avec le concours de la mafia montréalaise, des Hells Angels et de la famille mafieuse new-yorkaise Bonanno. Une part des profits de la vente du cannabis était réinvestie dans l’importation de cocaïne au Canada, achetée directement au cartel mexicain de Sinaloa.

 

Paru dans le Kiosque

Graphic: Mexican drug cartels’ spreading influence

 

Le Kiosque a publié l’historique des cartels colombiens et mexicains.

Petite histoire de la guerre contre les drogues

(…)

Pourtant, la situation a changé radicalement depuis que Fidel Castro a pris le pouvoir à Cuba en 1959. Les trafiquants se sont réfugiés en Floride et ils ont de nouveaux fournisseurs, des Colombiens qui ont créé des laboratoires tout près de Medellin la deuxième ville du pays.

La cocaïne démarre sur les chapeaux de roues des motos d’Henry Fonda et Dennis Hopper dans la première scène du film populaire Easy Rider (1969). Dans le film, les deux hommes achètent de la cocaïne au Mexique, puis la revendent à un homme qui les attend dans sa Rolls Royce. Les Américains redécouvrent la cocaïne. Dans les années 40, on saisissait autour d’un kilo par année. En 1970, 500 livres. Plus que l’héroïne. Pour la première fois.

Pour Rolling Stone, la cocaïne est la drogue de l’année que l’hebdo Newsweek (27 septembre 1971) décrit ainsi : «The drug, (…)  produces feelings of intense sexuality, psychic energy and self confidence.»  On ne peut pas dire que c’est dissuasif surtout que tout le monde a oublié qu’elle crée une dépendance.

Mais le « champagne des drogues » (New York Times Magazine, 1974) coûte tellement cher (100$ la grosseur d’un pois – quelques lignes) que seuls les très riches peuvent se l’offrir lors d’occasions spéciales, entrecoupées de longues périodes d’abstinence. Ceux qui s’inquiètent de la dépendance se rassurent en lisant dans Newsweek (30 mai 1977) qu’un « bon nombre de chercheurs ont conclu que la cocaïne est moins dangereuse que l’alcool et les cigarettes quand elle est utilisée avec discrimination. »

(…) Les Colombiens commencent à acheter les quatre récoltes annuelles de coca directement de la Bolivie et du Pérou et grâce au général Pinochet du Chili, la raffinent. Le dictateur, à la demande des Américains, a extradé en 1973 des trafiquants chiliens aux États-Unis. Les chimistes ont alors offert leurs services aux Colombiens.

Leurs passeurs apportent maintenant de la cocaïne, en plus de la marijuana, aux Cubains de Floride. Moins de place dans les bagages, aucune odeur et plus de profits. Elle est de plus en plus disponible mais encore très dispendieuse. Plus pour longtemps. La rencontre en prison de deux étrangers va tout changer.

Dès les années soixante, George Jung transportait avec son propre avion de la marijuana de la Colombie. Lorsqu’il est arrêté il ne sait encore rien sur la cocaïne. Mais son compagnon de cellule, le Colombien Carlos Lehder, est associé aux criminels qui formeront le cartel de Medellin. Il fait son éducation avec plaisir, soulignant les avantages financiers et le peu de poids de la cocaïne.

Dès leur libération, Lehder jette son dévolu sur une des 700 îles des Bahamas, la minuscule Norman’s Cay, à 210 miles de la Floride. Il révolutionne le transport de cocaïne en utilisant une flotte d’avions: gros porteurs de la Colombie aux Bahamas, petits bimoteurs pour le reste du trajet vers la Floride. « Dans les années soixante-dix, 90 % de la cocaïne aux États-Unis était fournie par moi », dira plus tard George Jung.

Les Colombiens contrôlent maintenant la production et le transport. Ils veulent aussi la distribution alors dans les mains des Cubains de Floride. Les Colombiens leur déclarent la guerre.  Elle est sanglante. Un meurtre par jour. Dade County est obligé de louer des camions réfrigérés.

Les Cubains écartés, des immigrants colombiens gèrent le flot de cocaïne; vers 1980, 80 avions atterrissent en Floride chaque nuit. En 1981 par exemple, les Ochoa, plus Escobar et Lehder et le cartel de Medellin introduisent 19 tonnes de cocaïne aux État-Unis. Les prix baissent.

Puis, à Miami, à Los Angeles, des policiers, perplexes, remarquent lors de perquisitions, des pipes en verre, des canettes avec des trous. À quoi cela peut-il servir? Puis, ils comprennent : quelqu’un a découvert comment fumer la cocaïne.

(…)

Une loi est votée à la vapeur: cinq ans minimum pour possession de 5 grammes de crack. En poudre, il faut 500 grammes pour avoir la même sentence. On crie à la discrimination.

Le 27 octobre 1986, Ronald Reagan signe la National Security Directive 221.

Cette fois c’est la guerre, la vraie, sur stéroïde.  Il mobilise le FBI, les services secrets, de la CIA à la NSA, et les forces armées. Avec le dernier cri de la quincaillerie militaire: avions de surveillance de la marine, hélicoptères de combat, aérostats pour surveiller les Caraïbes et intercepter la cocaïne avant son arrivée en Floride. On réussit.

Aussitôt la cocaïne passe par l’Amérique centrale. Les Colombiens ont acheté Manuel Noriega, le dictateur du Panama; les cartels mexicains, Raul Salinas, le frère du futur président du Mexique.

Fin de la Colombie

En 1987, Carlos Lehder est capturé près de Medellin, extradé aux États-Unis et condamné à 135 années de prison. En décembre 1989, invoquant la lutte contre la drogue, le Président Bush envahit le Panama et arrête le dictateur Noriega.  En décembre 1993, Pablo Escobar est abattu par la police.

(…) En 1996, des leaders du cartel de Cali se rendent à  Guadalajara pour rencontrer les trafiquants mexicains. Les Colombiens leur abandonnent la distribution; ils vont désormais envoyer la coca et l’héroïne par bateau à Guadalajara, et laisser les Mexicains se charger de l’introduire aux États-Unis et de la distribuer. C’est le début des gros cartels mexicains.

(…) Pendant que les cuisiniers amateurs créent des laboratoires dans le Middle West et parfois sautent avec eux, la Californie s’attaque aux labs clandestins. Les cartels mexicains se dépêchent de produire du cristal et, dès 1994, l’ajoutent, avec la cocaïne, à leur palette de produits. Ils disent à leurs acheteurs: « Essayez-ça. L’effet est semblable. » Plutôt que de se faire la guerre, les cartels s’entendent avec les gangs de motards pour la distribution.

(…)

Depuis 2006, 50 000  Mexicains ont perdu la vie à cause de la guerre à la drogue. Les revenus bruts des cartels mexicains tournent autour de six milliards de dollards et ils ont maintenant leurs antennes dans 230 villes américaines.