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François Bugingo

Journal de Montréal

«Les enfants nés au pays de parents étrangers en transit n’ont pas la nationalité dominicaine.» En septembre 2013, lorsque la Cour constitutionnelle de Saint-Domingue a publié cette décision à effet rétroactif, elle a rendu apatrides quatre générations d’Haïtiens nés, pourtant, en République dominicaine. Rejetés ainsi par leur pays, 250 000 Haïtiens vivent l’enfer…

Le Kiosque a publié

Un jésuite dominicain à la défense des Haïtiens

Un entretien avec le P. Mario Serrano, S.J., coordonnateur de l’apostolat social de la Province jésuite des Antilles

« Perejil », le mot qui tue

Camille Rouzier

Plages paradisiaques, paysages colorés, exotisme, bref la République Dominicaine. Mais elle a déjà été synonyme de régimes politiques corrompus et de violences oubliées. Dans les années 30, les frontières mal surveillées entre la République Dominicaine et Haïti laissent entrer de nombreux travailleurs haïtiens dans les champs de canne à sucre. La xénophobie se développe ; le dictateur de la République Dominicaine Rafael Trujillo (photo ci-contre), déclare qu’il faut régler cette affaire. L’ordre de tuer est donné. En effet, dans la nuit du 2 octobre 1937, commence un massacre à la machette qui fait entre quelques milliers de morts selon certaines sources, 20 000 selon d’autres. La rivière Massacre, frontière avec Haïti, est l’endroit où les actes barbares ont eu lieu. Une rivière qui, aujourd’hui, porte bien son nom.

Le carnage est aussi connu sous le nom de « Massacre du persil ». Il pouvait être difficile de différencier les Haïtiens des Dominicains par leur apparence physique et leur habillement. Les Dominicains ont alors demandé aux Haïtiens de dire « perejil », un mot espagnol beaucoup plus facile à prononcer pour eux que pour les Haïtiens. Une mauvaise prononciation, c’était la mort. À la suite de plaintes internationales, Rafael Trujillo paye une simple indemnité à Haïti.

Aujourd’hui, la République Dominicaine, des plages à en couper le souffle, une rivière oubliée.

Pour en savoir plus

Haïti/R.dominicaine/Massacre de 1937 : Pour répondre à un devoir de mémoire

AlterPresse