Le cancre

Michel David

Le Devoir

En 2014, plus de 400 demandes ont été faites auprès de divers ministères et organismes fédéraux et provinciaux, ainsi que de 19 grandes villes. Que ce soit pour la rapidité de ses réponses ou pour leur exhaustivité, le gouvernement du Québec a obtenu un F, ce qui en fait le cancre de la classe. Le gouvernement fédéral et toutes les autres provinces canadiennes ont obtenu un meilleur résultat. Toronto et Edmonton sont les deux seules villes à avoir obtenu une note globale aussi basse.

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Sans parler de son caractère sélectif. On a appris durant les audiences de la commission Charbonneau que les firmes de génie-conseil s’en sont prévalues pendant des années pour obtenir les listes de ceux qui siégeaient aux comités de sélection des entreprises désireuses d’obtenir des contrats du ministère des Transports. Les journalistes qui réclamaient les mêmes listes se les voyaient pourtant refuser en raison du« caractère confidentiel des renseignements demandés ».

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En 2006, le gouvernement Charest avait déjà entrepris de centraliser l’ensemble des communications au conseil exécutif, c’est-à-dire aubureau du premier ministre. En octobre dernier, la concentration a été poussée plus loin. Lerésultat est de faire passer le nombre de communicateurs gouvernementaux placés sous l’autorité du conseil exécutif de 200 à 700.

Cela a été présenté comme une mesure d’économie, mais le résultat le plus immédiat sera de mieux contrôler le message. Celle qui supervisait les communications du gouvernement Charest, Marie-Claire Ouellet, l’avait reconnu sans détour : « En bout de piste, c’est toujours le politique qui intervient. Il y a un encadrement très serré des fonctionnaires qui parlent aux journalistes. » De toute évidence, cela ne changera pas.

Si le gouvernement Couillard voulait faire oeuvre utile, il devrait aussi moderniser le Code municipal pour interdire l’expulsion des journalistes et des caméras des réunions des conseils municipaux. En plein XXIe siècle, au Québec, la Fédération professionnelle des journalistes a recensé un nombre renversant de cas où des journalistes ont été victimes d’intimidation, de menaces ou de chantage, ou même d’agression. Sans parler des poursuites judiciaires ou des représailles économiques auxquelles des municipalités ont recours pour les museler.

 

Évidemment, si on veut prêcher la transparence, le mieux serait de commencer par donner l’exemple.