apple-watch-carMyriam Ségal

Journal de Montréal

Le citoyen se sent trop souvent agressé plutôt que servi par l’État. Prenez le conducteur techno qui arbore son Apple Watch au poignet et vient de se faire poivrer d’une amende par un zélé policier.

La Sûreté du Québec assimile ce nouveau gadget à un cellulaire. La Société d’assurance automobile est moins sûre: l’appareil n’est pas «en main», ne constitue pas un téléphone en lui-même. Le ministre change deux fois d’avis, et annonce des clarifications à la loi. Coincé entre les avis divergents d’un même État et une loi inadaptée, l’automobiliste devra payer: soit l’amende, soit un recours judiciaire pour la faire annuler. Il servira d’exemple, de cobaye…

Pendant que les avocats feront joujou avec lui, le ministre trouvera ça plus compliqué qu’il ne le croit d’ajuster la loi: un simple coup d’œil à la montre deviendra-t-il péché? Est-ce pire de changer de «toune» en appuyant furtivement sur son poignet, alors que la main reste fermement sur le volant, qu’en baissant les yeux pour repérer le bouton dans le cockpit? Le citoyen-cobaye prétend que c’est ce geste qui lui vaut une amende.

Si le gouvernement était le moindrement respectueux de son client, il aurait réfréné sa cupidité en attendant d’ajuster la législation au phénomène des montres intelligentes, au lieu de se servir d’un pauvre bougre comme terrain de jeu pour une futile lutte juridique.