Journalisme et publicité: le débat
Marie-Claude Ducas
(…) Mais il y a aussi toute une réalité plus complexe qui émerge. Et qui va obliger les journalistes à jeter de sérieux coups d’œil dans leurs angles morts.
Pour commencer, d’où vient l’idée qu’il est suspect et inacceptable, au départ, que des entreprises commanditent du contenu? N’est-ce pas ce que font déjà les entreprises de médias? Des Rogers, Québecor ou Power sont présentes dans divers autres domaines: téléphonie, câblodistribution, finance… Quelle est la différence entre elles, et d’autres entreprises qui décident, aujourd’hui, qu’il est intéressant d’exploiter un média? American Express a une publication destinée aux propriétaires de petites entreprises (Open Forum), et une autre traitant de voyages (Travel and Leisure), toutes deux hautement respectées. Et ici, Touring, le magazine du CAA n’est-il pas une publication respectée en matière de voyage? C’est de la “plogue”, dira-t-on… Mais des magazines tels Coup de Pouce ou Châtelaine, les sections “Vivre” ou “Pause” dans les journaux, ne sont-ils pas déjà en contact étroit avec des annonceurs potentiels, qui “ploguent” leurs destinations, leurs produits alimentaires, leurs cosmétiques? N’y a-t-il pas déjà des dossiers “pièges à pub” destinés à intéresser les annonceurs de tel ou tel secteur? Tout cela a d’ailleurs une fonction: financer des reportages de fond, sur des sujets où l’intégration d’annonceurs est, là, impensable. Et encore… Tout peut dépendre de l’annonceur, et de la façon de l’intégrer.