Gaston Deschênes

Coopérateur convaincu, je prends souvent la défense des Caisses populaires (qu’on désigne malheureusement aujourd’hui sous le nom de « Desjardins ») mais ce que nous apprend Stéphanie Grammond, dans La Presse d’aujourd’hui, est carrément indéfendable.

« Sans tambour ni trompette, Desjardins a rabaissé de 5% à 2%, en juillet, le paiement minimum sur ses cartes à taux réduit, qui représentent environ 20 % de ses 3,8 millions de comptes clients ».

Ceux qui pensent que c’est un cadeau sont des « analphabètes budgétaires » et, avec cette décision, Desjardins entretient l’incurie financière de ses propres membres. En fait, ce sont les sociétaires eux-mêmes qui entretiennent leur propre bêtise par administrateurs élus interposés.

Comme l’écrit la journaliste, « ce changement apparemment anodin fait en sorte que les clients les plus vulnérables se retrouvent à payer des intérêts pratiquement pour l’éternité ! »

Le tableau qu’elle publie est éloquent :

  • avec un paiement minimum de 5%, il faut plus de 11 ans pour éteindre une dette de 10 000$ et ça coûte près de 5000$ d’intérêts;
  • avec un paiement de 2%, il faudra plus de 83 ans et près de 50 000$ d’intérêts!!!

Si, au moins, les membres étaient informés de ce que leur coûte leur carte de crédit, mais non : les relevés de comptes de Desjardins n’indiquent pas le temps nécessaire pour rembourser le solde si on fait seulement le paiement minimum, comme on le voit chez les institutions qui relèvent de la compétence fédérale.

Ma MasterCard de la Banque nationale m’indique précisément qu’il me faudra 11 ans et 4 mois pour éliminer mon solde actuel si je m’en tiens au paiement minimum. Ma Visa Desjardins est muette.

En 2011, le gouvernement du Québec avait entrepris de légiférer pour imposer le 5%. Desjardins avait alors pris l’initiative de l’instaurer mais la loi est morte au Feuilleton. Aujourd’hui, au lieu de plaider en faveur d’une règle uniforme pour tous les émetteurs de cartes, Desjardins fait marche arrière, sans crier gare.

C’est indigne d’un mouvement populaire qui doit former les citoyens en matière de budget personnel.

Desjardins : un idéal déchu ?

Mathieu Bock-Côté, Journal de Montréal

Depuis 2007, les ristournes retournées par Desjardins avaient diminué substantiellement. Elles avaient fondu de plus de la moitié. Aujourd’hui, Desjardins change de catégorie parmi les institutions financières et doit augmenter son capital.

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