Le Mythe de Napoléon au Canada français
Serge Joyal
Éditions Del Busso
Présentation de l’éditeur
Voici un livre hors du commun, à la fois essai historique et récit de grande vulgarisation, sur un sujet qui ne manquera pas d’étonner. Il peut en effet paraître artificiel sinon incongru d’évoquer simultanément Napoléon Bonaparte et le Canada français. Il existe pourtant bel et bien
un mythe napoléonien intimement lié à la trame historique canadienne-française et québécoise, que fait revivre ici Serge Joyal, grâce à une documentation d’une richesse exceptionnelle. Napoléon a d’abord été la cible privilégiée des élites dans leur lutte contre les idéaux véhiculés par la Révolution, et l’occasion rêvée pour le clergé d’enraciner son pouvoir pendant un siècle et demi. Pour les chefs patriotes de 1836-1837, Napoléon deviendra une inspiration dans leurs luttes contre le parti britannique. Au tournant du XXe siècle, les penseurs du mouvement nationaliste verront en Napoléon le modèle du chef charismatique, de l’homme providentiel qui conduirait le peuple vers un grand destin. Enfin, les créateurs de tous horizons se saisiront de la légende pour réfléchir sur les dérives qui agitent la société contemporaine, avant que le phénomène ne soit récupéré par la société de consommation elle-même.
Sommaire
Première partie : L’ennemi implacable
1 La Révolution française et l’avènement de Bonaparte
2 Des Canadiens s’illustrent dans les arme de Napoléon
3 L’alliance du trône et de l’autel de Mgr Plessis
4 Un manifeste contre la tyrannie
5 Les journaux contre l’usurpateur
6 La chanson politique
7 Des souscriptions publiques contre Napoléon
8 Le Blocus continental et la vocation agricole des Canadiens
9 L’invasion du Canada
10 Trois héros de la guerre de 1812
Deuxième partie : La réhabilitation : l’Aigle immortel
11 Un ennemi utile à rappeler
12 La mort d’un héros
13 L’Aigle immortel
14 Deux chefs inspirés
15 Le modèle du self-made-man américain
16 Un foyer de diffusion de la légende
17 Les premières oeuvres littéraires canadiennes
18 Petits Napoléon et petites Joséphine
19 Albums de souvenirs et almanachs
Troisième partie : Les Bonaparte tutélaires
20 Napoléon III et les Acadiens
21 Le chant d’un vieux soldat
22 Les hauts et les bas des Bonaparte
23 La visite du Prince
24 Le Code Napoléon
25 Un catéchisme militaire
Quatrième partie : Le sauveur et l’homme providentiel
26 La mort d’un Prince
27 Victime de la perfide Albion
28 Un héros en images
29 La France glorieuse
30 Une mission providentielle
31 Madame Mère
Cinquième partie : L’archétype du chef fort
32 Napoléon au théâtre
33 Madame Sans -Gêne
34 L’Aiglon
35 Un antinapoléonien à contre-courant
36 Un Napoléon nationaliste
37 Groulx et l’attente d’un chef providentiel
38 Boulanger, Trudeau, Mulroney, Chrétien
Sixième partie : Héros aux multiples vies
39 L’inspiration des caricaturistes
40 Un bicentenaire controversé
41 Les Napoléonistes
42 Napoléon et les créateurs contemporains
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Critique
Mathieu Perreault, La Presse
Quand il dominait l’Europe, Napoléon était honni des Canadiens, comme on appelait alors les Québécois. Il était l’héritier qui avait assassiné le roi et des prêtres, emprisonné le pape. Mais rapidement, il est devenu une idole de la résistance au monde anglo-saxon. Dans un livre paru l’automne dernier, le sénateur Serge Joyal explique l’importance parfois méconnue qu’a eue l’Aigle au Québec.
(…)
Au passage, M. Joyal explique que les Canadiens français avaient peur durant les guerres napoléoniennes que, vainqueur, il ne vende le Canada aux États-Unis, comme il l’avait fait en 1804 avec la Louisiane. Que le collège André-Grasset doit son nom à la béatification en 1925 d’un père eudiste qui n’avait vécu que quelques années en Nouvelle-France avant de retourner en France, et qui a été assassiné après la Révolution parce qu’il refusait, comme d’autres prêtres, de prêter serment au pouvoir civil. Et que la Déclaration d’indépendance américaine de 1776 faisait expressément référence à la menace canadienne-française.
«Les historiens ne mentionnent pas souvent ce passage de la Déclaration d’indépendance, dit M. Joyal. Les Américains craignaient que la Grande-Bretagne impose le papisme en Nouvelle-Angleterre parce qu’elle l’avait permis au Canada. Bien sûr, on craignait aussi la concurrence des marchands de fourrure francophones. Mais l’épouvantail de la religion catholique était important.»