Djihad : le livre sur le terrorisme “à la canadienne”
“Ce n’est pas d’hier que des Canadiens sont impliqués dans des groupes terroristes internationaux.”
Fabrice de Pierrebourg avec Vincent Larouche
Loups solitaires, cellules dormantes et combattants
Les éditions La Presse
304 pages
Loups solitaires, cellules dormantes et combattants
Le djihad, le territoire sous contrôle de l’État islamique et l’extrémisme religieux ne sont plus synonymes de pays lointains pour les Canadiens. Depuis octobre 2014, ils savent que le terrorisme se réclamant de l’islamisme radical peut frapper ici même. Deux Canadiens convertis ont alors semé la terreur à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa. Ce n’est toutefois pas d’hier que des Canadiens sont impliqués dans des groupes terroristes internationaux. Avec Djihad.ca, Fabrice de Pierrebourg et Vincent Larouche présentent les différentes facettes du terrorisme « à la canadienne ». Leur enquête leur a également permis d’obtenir des informations nouvelles à propos de dossiers qui ont fait l’actualité et ils les dévoilent dans ce livre.
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À lire aussi :
Djihad made in Québec, par Lise Ravary du Journal de Montréal
«Pourquoi les djihadistes voudraient-ils s’en prendre à nous? Nous sommes connus pour notre gentillesse, nous rejetons le militarisme de Stephen Harper et pratiquons un anti-américanisme de bon ton. Et puis, les récents attentats en sol canadien ont été commis par des gens malades, pas par de vrais terroristes».
«Arrêtez de faire peur aux Québécois avec ces histoires de fous de Dieu qui campent à nos portes.»
Combien de fois n’ai-je pas entendu ce discours? Comme si la bonasserie pouvait sauver quiconque d’un des plus grands maux de notre époque, l’islam salafiste, fondamentaliste, extrémiste et belliqueux. En un mot, l’islamisme, l’antithèse de la civilisation moderne.
Heureusement qu’il existe des journalistes d’enquête pour nous mettre les yeux devant les trous.
La fin de l’innocence
En 2007, le journaliste Fabrice de Pierrebourg a lancé un pavé dans la mare aux eaux tranquilles avec son ouvrage de 360 pages Montréalistan: enquête sur la mouvance islamiste. Au début des années 2000, Montréal était devenue une plaque tournante d’importance pour Al Qaïda, avec des cellules dormantes, des filières de financement, une faune et une flore très motivée venue d’ailleurs. Ceux qui l’ont lu y ont laissé des illusions.
À l’époque, Immigration Canada ressemblait plus à une passoire qu’à un garde-fou.
Le terrorisme islamiste – ce n’est pas le seul – a changé depuis le 11 septembre
Huit ans plus tard, Fabrice de Pierrebourg récidive avec Djihad.ca: loups solitaires, cellules dormantes et combattants. Un méticuleux tour d’horizon de l’univers djihadiste québécois et canadien, ses personnages les plus connus, ses prédicateurs en colère, ses jeunes radicalisés et, nouveau facteur d’inquiétude pour l’auteur, ces jeunes qui reviendront au pays après avoir combattu avec l’État islamique, formation para militaire en poche.
Comme Montréalistan, il s’agit d’un ouvrage grand public, humain, qui se lit comme un roman. D’aucune façon, ce livre n’est une attaque contre la communauté musulmane.
Bonjour la police
Les forces policières, la GRC, la SQ, le SPVM ainsi que le Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS, se marchent sur les pieds, mènent des guerres de territoire, pour empêcher le prochain attentat de se produire.
Le dernier chapitre, Traquer des ombres, décrit un système malade, sous-financé, divisé, complexe et à la merci de tribunaux qui ne comprennent pas toujours les enjeux. Sans compter les retards qu’on dit «normaux» dans l’administration de la justice et les efforts de la gauche humanitaire bien-pensante pour faire remettre en liberté des individus sous surveillance.
Le terrorisme islamiste – ce n’est pas le seul – a changé depuis le 11 septembre. Les grandes opérations qui exigeaient temps et argent ont été remplacées par des attaques en auto ou à l’AK 47 contre des cibles locales. Ce qui rend les djihadistes d’aujourd’hui encore plus dangereux, car il est très difficile de traquer un type qui prépare son coup dans son sous-sol après le souper.
Les Québécois sont plus préoccupés par les discours haineux d’imams fondamentalistes que par les apprentis terroristes. Ils n’ont pas tort: un jeune qui marine dans un discours religieux intolérant deviendra une proie pour les recruteurs.
Il faut garder les yeux et les oreilles bien ouverts, cesser de croire que notre odeur de sainteté nous protège et s’informer auprès de sources fiables.
Djihad.ca, à lire et à méditer