Dans The McGill Tribune : comment un prof de McGill a essayé de manipuler les cerveaux.
Texte de Julie Vanderperre
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Le Kiosque a publié : La folle histoire de la folie
Extrait :
Créer la folie à Montréal
En 1950, les Nord-Coréens attaquent leurs voisins du sud. Les Américains viennent à la rescousse et certains sont faits prisonniers. Puis, à l’étonnement général, certains de ces prisonniers dénoncent violemment à la radio communiste leur gouvernement et leur patrie. Comment l’ennemi a-t-il pu prendre ainsi le contrôle du cerveau de soldats américains? Les États-Unis sont convaincus que les Russes ont mis au point des techniques de lavage de cerveau. Le président exige des explications d’urgence. La Central Intelligence Agency (CIA) subventionne aussitôt des recherches pour comprendre comment on peut manipuler un cerveau. L’une des plus importantes a lieu à Montréal.
En 1951, la CIA et un groupe de psychiatres se seraient donc retrouvé à Montréal pour préparer le projet Blue Bird et mettre sur pied des techniques de lavage de cerveau. Le psychiatre Ewen Cameron, directeur du Allan Memorial et ancien colonel de l’armée américaine, reçoit 25 M$ de la CIA pour procéder à ces expériences sous le couvert de traitements thérapeutiques. Le programme est soutenu par le gouvernement canadien.
Cameron a déjà sous la main des patients atteints de diverses maladies mentales. Entre 1956 et 1963, le Dr Cameron va essayer de «déprogrammer» le cerveau de certains patients pour le reconstruire comme il le veut.
Ils sont soumis à des chocs psychiatriques extrêmes. Sous l’effet de barbituriques et de LSD, les sujets sont abrutis par des messages enregistrés à répétition. Cameron leur prescrit un sommeil prolongé de plusieurs jours, des douches chaudes ou glacées et des doses massives d’électrochocs, d’une ampleur de 20 à 40 fois plus élevée que ce qui est normalement prescrit. Les séances durent en moyenne cinq heures par jour, cinq jours par semaine.