1957 : Fin de la construction de la Dew Line dans l’Arctique. Aussitôt démodée. Elle ne peut rien contre les missiles russes.
Un mois après l’arrivée des exilés à l’île Ellesmere, en août 1953, alors que les Américains s’affairent à construire la Mid-Canada Line, les Russes font exploser leur première bombe à hydrogène. Pour être avertis des attaques de bombardiers russes au moins quatre à six heures à l’avance, Washington et Ottawa planifient aussitôt la construction d’une deuxième ceinture d’une soixantaine de radars, la Dew Line (Distant Early Warning) dans le Haut Arctique, de l’océan Atlantique à l’Alaska.
Pendant la construction des radars, des milliers d’Américains, militaires, ouvriers spécialisés, cuisiniers et hommes d’entretien travaillent dans l’Arctique. Ils sont grassement payés, vivent dans des maisons chauffées au pétrole et ont accès rapidement à tous les soins médicaux et à un vaste choix de loisirs dont le cinéma. Des Inuit à la recherche d’emplois s’agglutinent autour des bases. Ils seront 400 autour de celle de Frobisher Bay (Iqaluit) en 1957, le tiers des 1 200 habitants. La plupart sont analphabètes, ne parlent pas anglais et n’ont aucune formation professionnelle; à peine 250 travaillent à un moment donné à la ligne Dew. Encore une fois, les Américains portent à l’attention du public la situation désespérée des Inuit.