1717 : il y trois cents ans, le premier asile du Québec.
En Nouvelle-France, les soeurs de Québec à la demande de Monseigneur de Saint-Vallier, aménagent en 1717 une douzaine de loges – sortes de cachots individuels – dans l’enceinte de l’Hôpital général (alors un asile pour vieillards et orphelins) pour les femmes furieuses ou de mauvaise vie. Plus tard il y aura d’autres cachots pour les hommes. Jusqu’à la Conquête, il n’y a jamais eu beaucoup plus d’une douzaine de cellules spécifiquement désignées pour la garde des fous.
Le Kiosque a publié : La folle histoire de la folie
Extrait : On commence donc à identifier de plus en plus de maladies mentales. Mais de là à pouvoir les soigner…
Samuel Tuke avait dit à Pinel au début des années 1800 que la médecine ne pourra jamais rien faire pour les malades mentaux. Un siècle plus tard, en 1910, le psychiatre Georg Dobrick résume la situation ainsi: «On en sait beaucoup et on peut faire peu». Même Kraepelin doute qu’on puisse un jour vaincre les maladies mentales sévères comme la schizophrénie.
Il semble bien que Kraepelin ait raison. Après un siècle de travail acharné, les psychiatres ne peuvent toujours pas guérir les maladies mentales. C’est d’autant plus désespérant que les autres branches de la profession vont de succès en succès. La médecine générale par exemple, partie de rien ou presque avec la théorie des humeurs, a fait des pas de géants et guérit maintenant ses patients. Les chirurgiens, autrefois chirurgiens-barbiers, opèrent des patients sous anesthésie et grâce aux progrès de l’antisepsie, les réchappent.
Rien de tel chez les psychiatres. Ils ne peuvent pas grand chose pour leurs patients, sinon leur prescrire des bains, des douches et des calmants. Et encore, les drogues les plus efficaces, comme la morphine et l’héroïne, peuvent les rendre toxicomanes. Les bromures, puis les barbituriques (synthétisés par Bayer le jour de la Sainte-Barbara) les remplacent au début du siècle.
«Scrutant le miroir que leur tendait la médecine, les psychiatres ne pouvaient que se tordre les mains en signe de dépit.» (Les patients du Dr Cameron, Anne Collins, Éditions de l’Homme, 1990)