https://www.journaldemontreal.com/2020/07/22/des-petits-etres-fragiles

Une chronique de Sophie Durocher dans le Journal de Montréal

Ces jours-ci, les vagues de dénonciations touchent tous les milieux. Récemment, c’est le milieu littéraire québécois qui a été secoué. Un groupe de 300 « femmes et minorités de genres » a signé une lettre dénonçant la « culture du silence » qui y règne.

Après avoir dénoncé le fait que l’alcool coule à flots dans le milieu littéraire, les signataires écrivent : « Nous proposons aux festivals, aux librairies et à tout autre organisme culturel, entreprise ou individu organisant des événements littéraires – du plus officiel des galas au plus officieux des partys – de s’assurer de la présence d’un minimum de deux femmes et minorités de genre compétentes et bienveillantes qui restent sobres tout le long de l’événement. Leur rôle serait de veiller au bien-être et à la sécurité de tout le monde ». Les femmes sont donc des petits êtres fragiles qui doivent être protégés des vilains prédateurs, grisés par l’alcool, et il leur faut des « chaperon.e.s » ? 

Comme dans le temps de nos grands-parents qui ne pouvaient pas veiller sur le balcon sans la présence de Madame BecSec ?

Attendez. Ce n’est pas tout.

« Nous demandons que les critiques littéraires réfléchissent à la fétichisation de la “jeune autrice’’, de ‘‘l’autrice endommagée/traumatisée’’ ou de ‘‘l’autrice trash’’. Ce sont des archétypes dangereux, car en plus d’être capacitistes et âgistes, ils accentuent la vulnérabilité des principales intéressées. Ils détournent l’attention des œuvres en plus d’attirer les prédateurs du côté des autrices. »