« Sauvage », « esclave » et « Nègres blancs d’Amérique » : hypothèses sur le complexe onto-politique québécois

Par Philippe Néméh-Nombré, doctorant en sociologie à l’Université de Montréal

«Plus précisément, ces extraits illustrent la manière dont l’auto-compréhension franco-québécoise émerge, existe et se reconduit par la mise en dialogue de deux figures : celle du « sauvage » comme quelque chose de passé, donc de pré- ou ante-ontologique, et celle de l’« esclave », du « nègre » comme la négation de l’existence et de la liberté, donc comme une figure anti-ontologique qui peut être mobilisée métaphoriquement, sans égards à l’existence réelle de personnes et communautés noires.»

«Deux points que j’aimerais aborder pour essayer de suggérer, de façon assez exploratoire, certaines implications, certaines urgences et finalement certains débuts d’hypothèses pour déplier quelques dynamiques contemporaines à la lumière de l’usage de ces positions relationnelles racialisées dans (ou pour) l’affirmation franco-québécoise.»

«1) la « colonie » pensée comme un corps politique qui relève d’une agentivité et d’un pouvoir exogènes et 2) la « colonie » pensée comme une entité exogène qui se (re)produit dans un environnement donné; c’est-à-dire essentiellement qu’elle implique une collectivité (en partie) autonome qui revendique une souveraineté (en partie) désarticulée de celle de la métropole et qui prétend à une capacité régénérative et substitutive.»

En conclusion, toujours dans le même «style accessible» :

«Évidemment, ces propositions trop rapidement survolées ne sont pas exactement une nouveauté, et ne sont pas non plus spécifiques au Québec. Elles rejoignent assez directement, en fait, ce que des personnes comme Sylvia Wynter, Jodi Byrd, Saidyia Hartman, Frank Wilderson ou Lisa Lowe, parmi plusieurs autres, ont écrit. Mais, et c’est là-dessus que je veux insister, ce sont des positions relationnelles et un arrangement onto-politique qui s’actualisent de manière particulièrement significative et qui prend une importance significativement grande et récente dans les formulations discursives qui président à l’auto-compréhension et à la sociogenèse franco-québécoises.»