Pourquoi le jargon universitaire? Une explication du grand économiste Kenneth Galbraith
Fascinant! L’auteure qui avait signé une lettre tellement ampoulée dans “Le Devoir” que le Kiosque l’avait signalée , est parfaitement capable de vulgariser, comme on peut le lire dans son intéressante entrevue Apprendre à mourir, sur le site de l’UQAM.
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Si on en juge par cet extrait du grand économiste Kenneth Galbraith, elle sera peut-être blâmée par ses collègues.
Kenneth Galbraith, “Chroniques d’un libéral impénitent“, Gallimard, 1981, p. 291
La complexité et l’obscurité, en revanche, sont des valeurs pour la profession : elles sont l’équivalent universitaire des coutumes de l’apprentissage dans le bâtiment. Elles excluent les étrangers, limitent la concurrence, préservent l’image d’une classe privilégiée ou sacerdotale. L’homme qui rend les choses claires est un jaune. On le critique moins pour sa clarté que pour sa trahison.
En plus, et tout particulièrement dans les sciences sociales, une grande partie des écrits qui manquent de clarté sont basés sur une pensée obscure ou incomplète. Il est possible, sans risque, de faire preuve d’obscurité technique sur un sujet auquel on n’a pas réfléchi à fond. Il est impossible d’être vraiment clair sur un sujet qu’on ne comprend pas ; la clarté met à nu les failles. Celui qui entreprend de rendre clairs les sujets difficiles enfreint le droit souverain de nombreux économistes, sociologues, et politicologues de mal écrire pour camoufler leur pensée bâclée, imprécise ou incomplète. On peut comprendre la colère qu’il soulève.